Virginie Efira: “Niels et moi possédons le même humour, le même recul sur la vie”

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Paris Match consacre cette semaine sa une à Virginie Efira, attendue à Cannes pour «Benedetta» de Paul Verhoeven.

Elle a su se faire une place au soleil. En une dizaine d’années, cette bûcheuse sans esbroufe s’est hissée au sommet du cinéma hexagonal. Virginie Efira dévoile encore une fois l’étendue de sa palette avec six films attendus. Dont le très sulfureux « Benedetta », de Paul Verhoeven, en compétition au Festival de Cannes, dans lequel elle incarne une religieuse lesbienne du XVIIe siècle. Une performance magistrale pour une actrice qui n’a jamais eu froid aux yeux. Extraits de son interview.

Voir aussi :Les looks de Virginie Efira à Cannes

Paris Match. “Benedetta” sera en compétition à Cannes. Quel pire et quel meilleur souvenir gardez-vous du Festival ?

Virginie Efira. Dans mes yeux d’enfant, c’était Hollywood, j’en rêvais. J’y suis allée souvent en touriste, essayant sans succès d’entrer dans des soirées. Alors que j’étais encore animatrice télé on m’a proposé de monter les marches. Bon, pourquoi pas ? Le lendemain un quotidien publiait la liste de ceux qui n’avaient rien à faire là et mon nom y figurait. Je me suis pris ma naïveté en pleine tronche. Et puis, il y a eu la projection de “Victoria” en 2016, film né de mon coup de foudre amical avec la réalisatrice Justine Triet. Ça a été un déclic. Je me suis enfin sentie à ma place, en accord avec moi-même. Avec ma mère et des amis nous nous étions retrouvés le soir dans une boîte de travestis pour fêter l’événement. Tout était simple, drôle, léger.

(…)

Vous vivez avec l’acteur Niels Schneider. Vous dites qu’avec lui vous avez oublié vos idées préconçues sur le couple. C’est-à-dire ?

J’étais un peu cramponnée à mon désir d’indépendance, j’imaginais qu’il était préférable d’être chacun de son côté, mais chaque relation est différente. Nous avons emménagé ensemble depuis un bon moment. Nous vivons une belle histoire qui ne souffre pas du quotidien en commun, qui ne s’étiole pas.

Faire le même métier que l’homme avec qui l’on vit est-ce intéressant ?

C’est très agréable parce qu’il y a de la compréhension. Avec les tournages, les horaires particuliers, nous avons une manière de vivre un peu spéciale, nous traversons les mêmes périodes de doute. Parfois on me demande s’il est difficile de partager la vie d’un acteur, si l’on ne se fait pas concurrence. Impossible. Il y a un amour véritable entre nous et nos ego ne sont pas boursouflés à ce point. Niels et moi possédons le même humour, le même recul sur la vie. Tous deux francophones mais venant d’ailleurs, de Belgique et du Québec, nous partageons cette singularité culturelle un peu distanciée.

Retrouvez l’intégralité de notre entretien avec Virginie Efira dans le numéro 3765 de Paris Match.

Au sommaire

PERSONNALITÉS

Cyril Hanouna : son livre fait trembler les politiques

L’AIR DU TEMPS

Panne d’élection

L’ENTRETIEN

Damien Hirst : retour vers la peinture

CULTURE

Musique. L’Algérino, enfant de la patrie rap Théâtre.

Dans les coulisses de « Fraternité »

Cinéma. Anthony Bajon dévore ses rôles

Cannes : le Festival d’après

POUVOIRS

Excellence française Vanessa Bruno : l’affaire est dans le sac

ÉLECTIONS RÉGIONALES

Pour les leaders de la droite, tout redevient possible

Par Bruno Jeudy

Le front républicain barre toujours la route au RN

Par Mariana Grépinet

CLINTON FAIT DE SA VIE UN ROMAN

Interview Olivier O’Mahony

BIRMANIE LA GUERRE SANS FIN DES RÉSISTANTS KARENS

Par Loïc Grasset

VIRGINIE EFIRA LA BEAUTÉ DU DIABLE

Interview Ghislain Loustalot

JOHN MCAFEE LE NAUFRAGE D’UN GEEK DÉSAXÉ

Par Olivier O’Mahony

RICHARD BRANSON EMBARQUEMENT IMMÉDIAT POUR L’ESPACE

Par Romain Clergeat

TYLER JAMES « MON AMY »

Par Margaret Macdonald

Vivre Match

VOYAGE

Murmurez à l’oreille des animaux sauvages

MODE

Une partie de polo

BIEN-ÊTRE

Le qoya, l’alliance du mouvement et de la sagesse

AVENIR

La lampe qui fait rajeunir

AUTO

Mustang Mach-E : 100 pur-sang électrique

ARGENT

Location auto longue durée. Éviter les embûches

SANTÉ

VIH, avancées thérapeutiques

ARCHIVES

Concorde, histoire d’un mythe

JEUX Mots croisés et Sudoku

C’EST LA VIE

Au-delà du chic, le luxe est-il devenu une bannière politique ?

Toute reproduction interdite

Dans le tumulte révolutionnaire, Olympe de Gouges ouvrit la voie du féminisme

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Controversée et embarrassante pour la Révolution par ses opinions modérées, Olympe de Gouges est condamnée à mort en 1793. Juste avant que la lame ne tombe, elle s’exclame : « Enfants de la Patrie, vous vengerez ma mort ! » Elle ne reçoit qu’une réponse unanime : « Vive la République ! »

DES ORIGINES MODESTES

Elle est baptisée à Montauban sous le nom de Marie Gouze en 1748. Ses parents sont Anne-Olympe et Pierre Gouze, boucher, bien qu’il soit de notoriété publique que son père biologique est l’auteur dramatique Jean-Jacques Lefranc de Pompignan. Son éducation (elle apprend à peine à lire et à écrire) est très limitée.

En 1765, elle est mariée de force à Louis-Yves Aubry, de qui elle eut son unique enfant. Elle est vite libérée de ce mariage en devenant veuve l’année suivante, et ne se remariera jamais : le mariage est pour elle « le tombeau de l’amour et de la confiance ». Son idéal du couple est une union entre homme et femme à travers un contrat qui, en cas de séparation, permet d’avoir avec d’autres personnes des enfants reconnus.

Désireuse de commencer une nouvelle vie, elle change de nom et devient Olympe « de » Gouges, une particule avec laquelle elle voulait sans doute masquer ses origines modestes.

Sous cette nouvelle identité, elle s’installe à Paris avec son ami et amant Jacques Biétrix, dont la générosité lui permet de vivre sans soucis d’argent et de tenter sa chance comme écrivaine.

Olympe s’intègre bien dans la France des apparences de Louis XVI et met à profit son esprit et son aisance à parler pour se faire une place dans l’élégante société parisienne, notamment dans les salons littéraires tenus par des femmes, première étape vers son ambition.

Malgré sa mince éducation, elle sera l’autrice de plus de 4 000 pages : pamphlets, lettres et pièces de théâtre, textes politiques, philosophiques et utopiques. La voici devenue femme de lettres.

POLÉMIQUE EN PLEIN THÉÂTRE

À cette époque, seule une minorité de Français lisaient couramment, ce qui explique le succès rencontré par le théâtre, dont Paris était la capitale. Après avoir assisté au Mariage de Figaro de Beaumarchais, au théâtre de la Comédie-Française, Olympe écrit Le Mariage inattendu de Chérubin, personnage secondaire de l’œuvre de Beaumarchais, qui l’accuse de plagiat : la pièce ne sera jamais jouée sur scène.

LVMH : Birkenstock, la sandale écolo s’arrime au monde du luxe

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À première vue, cela ressemble à un mariage entre la carpe et le lapin. La fameuse sandale à lanière de cuir allemande Birkenstock va passer sous le contrôle de fonds d’investissement liés au géant du luxe LVMH : le franco-américain L Catterton, spécialisé dans les biens de consommation, et la Financière Agache appartenant au Français Bernard Arnault.

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Si les deux frères Birkenstock, Christian et Alexander, restent actionnaires, les nouveaux venus prennent la majorité des parts de cette entreprise familiale. Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé mais la presse allemande estime qu’elle valorise le chausseur à 4 milliards d’euros. C’est donc une nouvelle ère qui s’ouvre pour le fabricant allemand fondé en 1774 par Johann Adam Birkenstock.

Peu sexy, mais confortable et indestructible

Marque iconique, prisée des écolos et des professeurs jusque dans les années 2000, cette sandale peu sexy mais confortable et quasiment indestructible s’associe à des partenaires davantage connus pour représenter des marques de luxe. Cette alliance a priori étonnante est néanmoins la suite logique d’une mue engagée par la famille Birkenstock au début des années 2010.

À cette époque, les frères Alexander et Christian décident de céder le management de leur entreprise à deux personnalités extérieures, Oliver Reichert et Markus Bensberg. L’objectif est de rajeunir l’image de la marque tout en conservant le concept originel, à savoir la semelle orthopédique faite d’un mélange de liège et de latex, inventée par le fondateur.

Des créateurs de mode déjà intéressé

Dans les années 2010, le nouveau duo à la tête de l’entreprise fait bouger les lignes. La sandale ose les couleurs, l’argenté, le doré, le vernis. La marque s’associe à des créateurs de mode, comme Valentino, Céline et Paco Rabane, ainsi qu’à la top modèle Heidi Klum. Consécration suprême, les Birkenstock sont désormais portées par des actrices américaines comme Julianne Moore et Naomi Watts. L’entreprise élargit aussi sa gamme, avec du mobilier, du linge de maison, des accessoires et même des cosmétiques.

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« La sandale Birkenstock s’est dépoussiérée », analyse Martin Fassnacht, directeur de la chaire de stratégie et de marketing, à la WHU-Otto Beisheim School de Dusselforf. « Il y a encore quinze ans, la marque était associée à des milieux alternatifs et peu modernes », rappelle-t-il. « Aujourd’hui Birkenstock est synonyme de qualité allemande et de santé et est même portée par les jeunes. La marque est devenue cool », constate ce spécialiste.

Pour son collègue Erik Maier, de l’école de management de Leipzig, Birkenstock a notamment réussi à « sortir de sa niche » initiale « grâce à son expansion à l’international ». « À l’étranger, la marque n’est pas associée aux écolos bobos. Cela a certainement aidé à changer son image », commente-t-il. Aujourd’hui le groupe est implanté dans une centaine de pays, essentiellement en Europe et aux États-Unis.

25 millions de paires vendues par an

Cette nouvelle stratégie a porté ses fruits. En 2019, le groupe a vendu près de 25 millions de paires de chaussures et enregistré un chiffre d’affaires de 772 millions d’euros, soit six fois plus qu’en 2012. Le groupe emploie 4 300 salariés, à 95 % installés en Allemagne, et a embauché 2 300 personnes depuis 2013. Et la pandémie ne devrait pas ralentir cette expansion.

« Alors que de nombreuses entreprises de la branche souffrent de la crise liée au coronavirus, Birkenstock enregistre une nouvelle année record », confirme le groupe dans un communiqué. Le rachat par L Catterton et Lagache Financière intervient ainsi « à un moment où l’entreprise se porte mieux que jamais depuis ses 250 années d’histoire », note la direction. Afin de répondre à la demande, le groupe a annoncé début février un vaste plan d’investissement pour ses sites de production en Allemagne.

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Désormais, l’objectif est de conquérir l’Asie, notamment la Chine et l’Inde. Le groupe a commencé à s’y installer mais n’a pas les reins financiers assez solides ni les connaissances des marchés pour y atteindre ses objectifs. D’où cette alliance avec L Catterton et Bernard Arnault. De l’aveu du PDG du groupe, Oliver Reichert, ces nouveaux partenaires « disposent d’un grand savoir-faire et d’un excellent accès aux marchés internationaux » qui permettront à Birkenstock « d’atteindre les objectifs globaux de croissance » pour les « 250 prochaines années ».


Un fabricant 100 % allemand

Le siège de Birkenstock est situé à Linz am Rhein dans le Land de Rhénanie-Palatinat (sud-ouest). La marque produit la totalité de ses chaussures en Allemagne, sur quatre sites dont le plus important est à Görlitz, en ex-RDA, une ville qui jouxte la frontière polonaise.

La spécialité de Birkenstock est la sandale qui a d’abord été une chaussure professionnelle, utilisée en particulier dans les hôpitaux, avant d’être adoptée par le grand public.

En mettant le cap sur le haut de gamme, la marque a introduit à son catalogue un grand nombre de sandales dont le prix dépasse allègrement les 100 € pour une paire.