TUDOR (accès libre) Attention, une montre peut en cacher une autre !

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Pour danser proprement, que ce soit le rock, la valse ou le tango, il faut être au moins deux – sinon ce n’est que de la gesticulation ou de l’érémitisme chorégraphique [ceci pour les danses populaires dans les sociétés contemporaines : nous ne parlons évidemment pas des danses sacrées ou des beaux-arts du ballet]. Depuis six ans, la maison Omega se sentait bien seule sur la piste de danse où elle s’était risquée la première, celle des montres certifiées par le METAS (Institut fédéral de métrologie de la Confédération suisse, internationalement désigné par l’acronyme METAS pour Metrologie und Akkreditierung Schweiz, qu’on prononce comme un mot normal – métas – et non lettre par lettre). On dit du METAS que c’est l’endroit où la précision suisse est… la plus précise ! Les critères métrologiques sont ici bien plus exigeants que ceux des anciens concours de chronométrie…

L’audace d’Omega était prometteuse, mais la marque a très mal communiqué sur cette avancée, en la réduisant notamment à une simple performance amagnétique qui laissait tout le monde plus ou moins indifférent : personne ne comprenant rien aux unités gauss des champs d’induction magnétique, se battre pour résister à 1 000 gauss (comme la Rolex Milgauss lancée en 1956) ou pour résister aux 15 000 gauss (comme la Seamaster d’Omega certifiée METAS et lancée en 2015), quelle importance ? D’autant qu’Omega – qui avait lancé la première Seamaster 15 000 gauss en 2013 – brouillait à loisir son message en noyant l’antimagnétisme dans les avantages mécaniques de son mouvement co-axial. Cela revenait à se battre sur le mauvais terrain – ou, du moins, à ne regarder les choses que par le petit bout de la lorgnette, en oubliant les autres dimensions extraordinaires de la certification par le METAS.

En revanche, même si Omega gaspillait ainsi d’excellentes munitions, une marque comme Rolex avait compris l’importance stratégique de la guerre déclarée volens nolens par le Swatch Group. Dès l’année suivante (2014), Rolex et son nouveau directeur, Jean-Frédéric Dufour, entamaient une contre-offensive discrète sur le terrain de l’amagnétisme et sur ces performances chronométriques que la plupart des grandes marques suisses semblaient négliger [ne reparlons pas ici du piteux insuccès de la relance des concours de chronométrie, ni d’ailleurs des dérives chronométriques inacceptables de la plupart des mouvements de « haute horlogerie », qui fonctionnent moins bien que la plupart des mouvements mécaniques « industriels »]. C’est ainsi que, dès lors, Rolex n’a plus cessé d’optimiser la chronométrie de ses mouvements de base, ramenés à des écarts bien inférieurs à ceux du COSC (Contrôle officiel suisse des chronographes), notamment par la quasi-généralisation dans tous les calibres de spiraux en silicium (Syloxi) ou de spiraux amagnétiques comme le Parachrom bleu introduit en 2000. De son côté, le mouvement mécanique de base manufacturé chez Tudor était lui aussi équipé d’un spiral en silicium réalisé chez Sigatec, manufacture high-tech pionnière suisse dans ce domaine.

Tant Omega que Rolex paraissaient donc décidés à mener la bataille horlogère sur le seul champ de manoeuvre qui soit vraiment horloger : pas celui du prestige, de la gonflette statutaire et du bullshit marketing, mais celui de la précision et de la résistance des montres aux agressions extérieures, qu’elles soient mécaniques (chocs), magnétiques, thermiques ou bathymétriques (profondeur). Les tambours de cette guerre ne semblaient cependant battre que très faiblement depuis quelques années. Chez Rolex, Jean-Frédéric Dufour avait parfaitement compris que l’irrésistible ascension d’Omega depuis quelques années finirait un jour par piétiner les platebandes de la marque à la couronne. Alors que l’activité d’Omega ne représentait, voici vingt ans, que le quart des ventes de Rolex, ce différentiel n’a cessé de se réduire : l’insolente santé d’Omega a poussé la marque à la moitié de l’activité de Rolex, qui devait donc réagir contre le plus dynamique de ses compétiteurs…

La nouvelle Black Bay Ceramic présenté ces jours-ci par Tudor rallume une guerre souterraine qui dépasse largement la rivalité historique des deux marques. On pourrait se contenter de prendre cette Tudor (ci-dessus et plus bas) pour une montre en céramique supplémentaire sur un marché qui en compte déjà quelques dizaines [ce n’est d’ailleurs même pas la première Tudor en céramique, comme il existe des Tudor en acier, en titane, en bronze, en argent ou en or !]. Pour découvrir quelques détails plus précis sur cette « plongeuse » de belle allure, nos lecteurs peuvent se reporter à notre repérage Business Montres du 26 mai et à notre chronique Atlantic-tac (Business x Atlantico du 28 mai) : on y raconte déjà tout le bien qu’on peut en penser, mais ce sera dommage de s’en tenir là…

En effet, il faut surtout considérer cette Black Bay Ceramic comme une forme courtoise et feutrée de déclaration de guerre, non pas seulement à Omega, mais bien à l’ensemble des marques présentes sur le segment des montres d’un prix public inférieur à 10 000 unités [francs, euros ou dollars, peu importe]. Sous son allure modeste et avec ses codes totalement classiques de « plongeuse » toute de noir vêtue, cette Black Bay Ceramic – qui n’est facturée que dans les 4 500 unités – introduit sur le marché une disruption qui provoque au moins quatre révolutions dont les effets se feront rapidement sentir :

• Révolution de l’hyperprécision : certifiée « Master Chronometer » par le METAS [qui délivre la même certification à Omega], cette Black Bay s’avance ainsi à la bataille après deux épreuves majeures. Son mouvement Swiss Made [c’est un des réquisits du METAS] est testé, non monté, une première fois par le COSC, puis une seconde fois, monté dans la montre, par le METAS, dans six positions, à deux températures différentes et avec deux niveaux de réserve de marche (100 % et 33 %). La montre aura également été testée deux fois pour son étanchéité (une fois par Tudor, une fois en cuve par le METAS : image en bas de la page) et sa résistance au magnétisme éprouvé, toujours par le METAS à travers un champ de 15 000 gauss produit par un électro-aimant. Impossible de trouver en Suisse un certificat de chronométrie de nature supérieure à celui du METAS, dans tous les compartiments objectifs et mesurables du jeu horloger (précision, étanchéité, endurance) – le reste relevant d’une appréciation plus subjective (qualité des finitions, service après-vente, valorisation à terme, etc.).

• Révolution des standards : Tudor démonétise définitivement les certificats du COSC, désormais reléguée dans une sorte de catégorie subalterne [ou de seconde division face à la Champion’s League], avec un écart toléré de dix secondes par jour, quand le METAS n’en accepte que cinq et la super-chronométrie revendiquée par Rolex que quatre ! Les amateurs vont très vite faire la différence entre le COSC, qui n’étalonne que des mouvements (souvent déréglés lors de leur montage ) et non des têtes de montres, et le certificat « Master Chronometer », effectué montre montée avec des mouvements « cosqués » et dont les critères sont autrement plus complets. On trouvait déjà mieux que le COSC avec le nouveau Poinçon de Genève, qui certifiait des montres complètes à mouvement « cosqué », mais avec des exigences de finitions de moins en moins adaptées à l’horlogerie contemporaine – d’où sa phase actuelle de déclin historique. Le nouveau standard de qualité suisse, le plus mécaniquement fiable et le plus horlogèrement prestigieux, c’est désormais le titre de « Master Chronometer ». Rolex s’en tire à peu près bien avec son Superlative Chronometer Officially Certified, mais c’est pour l’instant de justesse et ça reste tout de même un ton au-dessous de ce que proposent Tudor ou Omega [Rolex sans couronne sur la tête : ça ne devrait pas durer très longtemps : voir ci-dessous !]. La cordée Tudor arrive peut-être à ce sommet après la cordée Omega, mais elle est au sommet, alors que les autres marques concurrentes restent dans la vallée…

• Révolution du luxe accessible : en cadrant la bataille sur le terrain de la précision et de l’endurance, Omega et Tudor prennent un train d’avance sur leurs compétiteurs, qui vont être obligés de suivre cette course à l’armement et de s’adapter à cette nouvelle donne sous peine de régresser ou de disparaître. Ces marques le pourront-elles, alors qu’elles ont déjà mis en place des logistiques « industrielles » pour produire des mouvements moyennement précis et pas vraiment amagnétiques ? Cela n’a rien d’évident tellement les normes METAS sont contraignantes. C’est encore moins évident quand on découvre les combats en cours et les dépôts de brevets autour de la fabrication des spiraux en silicium, qui sont une des clés du nouvel amagnétisme et de la nouvelle hyperprécision. L’amagnétisme n’est plus un sujet marginal depuis que nous vivons tous dans un environnement électromagnétique suractivé (téléphones portables, écrans, télécontrôles, réseaux numériques, antennes relais, etc.). La précision reste un marqueur symbolique décisif dans l’imaginaire horloger. Les associer en prouvant qu’on les domine est un argument décisif. La balle est maintenant dans le camp des autres marques de « sport chic » accessible : Breitling, TAG Heuer, Longines, Chopard, Bell & Ross, IWC et toutes les autres propositions qui naviguent dans les eaux 3 000-10 000 unités et qui se contentent des anciens standards.

• Révolution Rolex : elle ne manquera pas d’amplifier la disruption pour l’instant silencieuse introduite par la Black Bay Ceramic de Tudor. Ce sera l’inévitable et irrépressible contre-attaque de Rolex sur ce terrain. Avec Tudor, le groupe Rolex vient d’enfoncer un coin entre Longines et Omega, histoire de prendre Omega en tenaille, Tudor dessous, Rolex dessus, et on referme la mâchoire [cette protection de Rolex par le bas a toujours été la mission historique de Tudor]. Il est évident – voir ci-dessous – que Tudor se livre ici à un galop d’essai sur ce nouveau terrain, histoire de bien cadrer les contraintes industrielles d’une certification METAS. Rappelons cependant que Tudor n’envisage de certifier que quelques milliers de montres, quand Omega n’est pas loin des 300 000 pièces ainsi metastisées ! Quand Tudor aura bien essuyé les plâtres et défriché un boulevard sans risques pour Rolex, on veut bien prendre les paris que Rolex retrouvera sa couronne, avec un insurpassable nouveau super-certificat de « Super-Master Chronometer » concocté avec le METAS…

On comprend mieux l’importance accordée par le groupe Rolex à cet avantage concurrentiel quand on visite les installations mises en place pour ce certificat METAS au siège genevois du groupe, dans le quartier des Acacias. Sur place, un nouveau bâtiment est d’ailleurs en cours d’agrandissement et de rénovation pour Tudor. Aujourd’hui, l’espace METAS borde une partie des lignes de production, avec une dark room extraterritoriale réservée aux fonctionnaires assermentés du METAS (vitres opaques, accès interdit et tests secrets d’échantillons prélevés sur la production déjà metastisée pour en vérifier les performances en précision, magnétisme, étanchéité et réserve de marche). Les montres aux mouvements déjà « cosqués » sont retestées dans des machines spécialement conçues pour ces épreuves, qu’on parle de vérification de la précision dans toutes les positions réglementaires, aux températures prévues et dans les deux phases de réserve de marche annoncées (plus bas, au-dessus de la vidéo), mais aussi du passage dans l’électro-aimant ci-dessous (avec revérification de la marche et de la précision à la sortie) ou dans la cuve pour une pression simulée de 200 mètres de profondeur (plus bas, sous le paragraphe suivant). Après cette chaîne de contrôles, on comprend mieux que Tudor puisse se permettre d’accorder à ses montres une garantie de cinq ans transférable et assortie d’une très astucieuse certification numérique personnalisée…

Certes, décrocher une certification METAS était plus facile avec un boîtier en céramique (matériau amagnétique), un spiral en silicium (matériau non magnétique) et une masse oscillante à base de tungstène (métal non-ferreux quasiment pas magnétique), mais Tudor a pu y parvenir, surtout à 4 500 unités pièce (contre 8 000 unités pour la Seamaster Omega directement concurrente !). Et c’est un coup de génie stratégique pour le groupe Rolex de faire monter Tudor en ligne sur cette opération, histoire de faire discrètement la nique à Omega et d’entamer les hostilités en vue d’une nouvelle révolution dans le « sport chic accessible »…

Quand on a déjà visité les ateliers Rolex et apprécié la rigueur de toutes les opérations de contrôle qualité, on réalise tout de suite que les lignes d’assemblage Tudor sont au même niveau et on ne peut s’empêcher de penser que Rolex n’aura pas beaucoup d’efforts industriels à produire pour s’adapter aux normes actuelles d’un certificat METAS, ni aux normes à prévoir pour un super-certificat qui permettrait à Rolex de continuer à faire la course en tête en devançant les marques concurrentes. Tout ceci est sans doute déjà dans les tuyaux. Les montres traditionnelles suisses, qui semblaient se désespérer d’être au bout de leurs innovations techniques, viennent ainsi de s’offrir un nouveau standard de qualité pour aborder le XXIe siècle horloger en toute sécurité mécanique. Les dés ont roulé. Omega conserve toujours un temps d’avance sur le plan de l’industrialisation, mais ce n’est sans doute qu’un avantage provisoire. Les autres marques n’ont que quelques semestres, pas même deux ans, pour réagir sous peine de regarder ce train partir sans eux. Vous avez aimé la polarisation de l’horlogerie à la fin des années 2010 ? Vous allez adorer l’hyperpolarisation accélérée des années 2020…

Une pluie d’anniversaires horlogers en 2021 – FHH Journal

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En début d’année, le lancement de l’édition anniversaire de la Tank Cintrée de Cartier est passé quasi inaperçu. Et pour cause, les 150 exemplaires du modèle étaient tous prévendus. Cette célébration n’en est pas moins à marquer d’une pierre blanche, car elle marque les 100 ans d’une montre qui représente la première itération de la Tank de Cartier, un garde-temps imaginé quelques années plus tôt dont la commercialisation date de 1919. À cette époque des premiers balbutiements de la montre-bracelet, époque où l’influence du Bauhaus commence à se faire sentir, cette montre imaginée par Louis Cartier fut volontiers considérée comme l’archétype de la montre moderne. D’où son succès, qui ne s’est jamais démenti en un siècle d’histoire.

Tank Cintrée, 1921 © Cartier

Avec la Tank Cintrée, « la montre se devait d’épouser la cambrure naturelle du poignet, peut-on lire dans l’ouvrage Cartier, la montre Tank. Cartier en avait d’ailleurs fait l’expérience avec la Tonneau de 1906. Synthèse du rectangle et de l’ovale, cette nouvelle forme accompagnait merveilleusement les premières tentatives consistant à rompre de manière radicale avec l’univers des montres de poche. Une approche qui allait de pair avec l’idée de “cintrer” le boîtier, autrement dit de l’incurver légèrement pour bien montrer que la conception même de la montre incluait un porter au poignet. »

Première Nautilus Jumbo, 1976 © Patek Philippe

Cette première célébration, qui renvoie à une pièce majeure dans l’histoire horlogère, n’était en fait que la prémisse d’une série de commémorations qui font de cette année 2021 un millésime d’exception. Autre montre, certes plus récente mais non moins cruciale dans l’évolution des designs horlogers : la Nautilus de Patek Philippe dessinée par Gérald Genta, qui souffle ses 45 bougies. « Lancée en 1976, la Nautilus a créé la surprise par de nombreux aspects, explique la Maison genevoise. Le choix de l’acier, un métal alors inédit pour une montre de luxe. Une lunette octogonale aux angles adoucis, bien loin des designs habituels. Une construction de boîtier inspirée d’un hublot de bateau. Une robustesse hors pair et une étanchéité à 120 mètres – un exploit à l’époque pour une montre de série. Dotée d’un cadran au relief horizontal frappé et d’un bracelet intégré avec maillons latéraux s’amincissant du boîtier au fermoir, la Nautilus s’est vite imposée comme la parfaite incarnation du sport élégant. » Pour lui faire honneur, Patek Philippe propose cette année un modèle acier avec cadran vert, serti ou non, une version en or rose de la Travel Time Chronograph et une pièce de Haute Joaillerie.

Première Reverso, 1931 © Jaeger-LeCoultre

Avant l’avènement des modèles sport chic dans les années 1970, dont la Nautilus est l’exemple type, tout comme la Royal Oak d’Audemars Piguet ou la Riviera ressuscitée cette année par Baume & Mercier, ce sont les montres-instruments qui tenaient le haut du pavé dans le registre « intrépide. » Or de telles pièces font également partie des célébrations de l’année. Notamment chez Jaeger-LeCoultre, qui fête les 90 ans de sa Reverso en grande pompe. Et « grande pompe » signifie ici grande complication avec la pièce d’exception Hybris Mechanica Calibre 185 et ses 11 complications, dont certaines, astronomiques, sont inédites en horlogerie. On ne saurait toutefois oublier que la Reverso a d’abord été une montre développée pour les joueurs de polo afin de protéger leur montre en pleine action grâce à la réversibilité du boîtier. Une astuce ingénieuse qui devait permettre les déclinaisons horlogères parmi les plus audacieuses. Il n’empêche, dans sa version « simple », la Reverso représente clairement un modèle conçu pour résister à des conditions extrêmes, le type même de montres qui allaient marquer les années, voire les décennies suivantes.

Montre la « Montre Spéciale pour Aviateur » (réf. IW 436) © IWC

Chez IWC, ce besoin de répondre aux exigences les plus poussées avec des garde-temps robustes, précis et fiables s’est traduit par une première Montre Spéciale pour Aviateur en 1936. « L’histoire des Montres d’Aviateur IWC remonte aux prémices de l’aviation, précise la Maison. À l’époque, une montre-bracelet précise était considérée comme un instrument de cockpit essentiel et crucial pour la survie du pilote. Utilisée principalement pour surveiller les temps de vol ou les heures de fonctionnement du moteur, elle faisait aussi office d’outil de navigation pour les vols à vue. Associée à un sextant, une montre-bracelet ultraprécise pouvait aider son propriétaire à déterminer sa position actuelle en navigation astronomique. IWC fut l’une des premières manufactures à produire des instruments techniques conçus pour répondre aux besoins des aviateurs. » Parmi les caractéristiques techniques du premier modèle de 1936, on retrouve déjà un mouvement antimagnétique parfaitement fonctionnel à des températures comprises entre – 40 et + 40 °C et un verre incassable. Ces spécificités ont permis de forger une vaste collection Pilot chez IWC, qui s’enrichit en cette année de 85e anniversaire d’un modèle 43 mm évoquant parfaitement l’ivresse des pionniers de la conquête du ciel.

Première Oyster Perpetual Explorer II, 1971 © Rolex

Quoi de neuf chez les horlogers ?

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Tudor : une Black Bay « Master Chronometer »

En 2019, la petite sœur de Rolex avait confectionné une Black Bay en céramique noire unique pour la vente aux enchères caritative Only Watch. Un lot adjugé pour près de 320 000 euros. Deux ans plus tard, Tudor vient d’annoncer le lancement de la production en série de la nouvelle Black Bay Ceramic. Une pièce qui arbore un boîtier en céramique monobloc noir mat complété d’une lunette tournante également façonnée en céramique noire, tout comme le cadran qui n’offre en contraste que ses index chargés de matière lumineuse beige clair. Surtout, la montre embarque un nouveau calibre manufacture affichant les fonctions heures, minutes et secondes.

Tudor Black Bay Ceramic © Tudor

Ce dernier est le premier mouvement Tudor à avoir été certifié « Master Chronometer » par l’Institut fédéral de métrologie (Metas), un établissement public de la Confédération suisse. Un label auparavant réservé aux montres Omega qui avait développé en 2015 avec le Metas une nouvelle norme de certification. Celle-ci exige une batterie de tests sur la précision de la montre (sous diverses positions et différentes températures), son étanchéité (jusqu’à 200 mètres), la longueur de sa réserve de marche (d’au moins 70 heures) ou sa résistance aux champs magnétiques de 15 000 gauss. Enfin, le garde-temps doit être fabriqué en Suisse et être également certifié par le Contrôle officiel suisse des chronomètres (COSC). Pari réussi pour Tudor. 4 400 euros.

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TAG Heuer : une Monaco titanesque

Dimanche dernier à Monaco, le pilote néerlandais Max Verstappen de l’écurie Red Bull remportait pour la première fois de sa carrière le renommé Grand Prix et prenait provisoirement la tête du championnat de Formule 1. TAG Heuer, partenaire de l’équipe Red Bull et chronométreur officiel du GP de Monaco depuis 2011, a profité du week-end sportif pour dévoiler une édition spéciale de la célèbre Monaco, lancée en 1969 par Jack Heuer et popularisée au poignet de Steve McQueen en 1971 dans le film Le Mans.

TAG Heuer Monaco Titan © TAG Heuer

La Monaco Titan – fabriquée à seulement 500 exemplaires – arborée par Verstappen après la course s’offre une cure de modernité avec un boîtier en titane, une matière rarement utilisée dans cette collection. La boîte sablée donne à la montre une allure brute audacieuse et côtoie un cadran argenté sur lequel s’affichent les deux sous-cadrans classiques de la Monaco ainsi que l’aiguille centrale rouge, tout comme l’index 12 heures qui rappelle l’univers de la course automobile. Sous le capot ? Une version moderne de l’iconique calibre 11 automatique avec une réserve de marche de 40 heures. La Monaco Titan est livrée avec bracelet noir en cuir d’alligator dont les rainures font écho aux pneus des voitures de course. 7 450 euros.

IWC : une montre d’aviateur réalisée avec des matériaux de F1

Au début des années 2000, IWC et AMG – la marque de haute performance de Mercedes – concluaient un des partenariats les plus importants de l’horlogerie. Leur objectif ? Créer une série de montres « Ingénieur AMG », réalisées dans les matériaux les plus pointus du secteur. Les amateurs de cylindres et de pistons devraient donc être conquis par la nouvelle création collaborative des deux sociétés. L’IWC Pilot’s Watch Chronograph Edition AMG est le premier chrono d’aviateur de l’horloger allemand en 43 mm abritant le mouvement automatique maison 69385 à roue à colonnes et disposant d’une réserve de marche de 46 heures. Surtout, ce nouvel opus IWC-AMG est conçu – comme le prévoyait à la base le partenariat – à partir de matériaux inspirés de la course automobile.

IWC Pilot’s Watch Chronograph Edition AMG © IWC

Cette édition est la première montre Pilot Watch d’IWC qui présente une boîte en titane Grade 5, une matière légère et résistante présente sur les monoplaces en Formule 1. Le cadran est également fait à partir de fibres de carbone, souvent utilisées dans l’aviation, dans la robotique ou les drones et pour des éléments du châssis des voitures de course, comme la cage de sécurité « halo », qui a notamment sauvé la vie du pilote Romain Grosjean l’an dernier lors de son accident pendant le Grand Prix de Bahreïn. Enfin, trois compteurs argentés à six, neuf et douze heures s’affichent sur le cadran qui rappelle le look d’un tableau de bord et de ses instruments. 9 900 euros.

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Swatch : un hommage en biocéramique à la Nasa

En 1983 et pour la première fois, les astronautes de la Nasa Story Musgrave et Donald Peterson s’équipaient de la combinaison blanche, protégeant les hommes de l’espace contre les radiations solaires. Quelques années plus tard, en 1996, l’astronaute suisse Claude Nicollier embarquait à bord de la navette spatiale Columbia avec au poignet une Swatch Access to Space. Aujourd’hui, la marque rend hommage aux conquêtes spatiales et à la Nasa avec une nouvelle collection baptisée « Space Collection ».

Swatch, Space Collection © Swatch

Trois modèles en version chronographe (orange, bleu ou blanc) présentent un imposant boîtier de 47 mm réalisé avec des matériaux biosourcés depuis le récent virage écologique du spécialiste des montres en plastique. Swatch propose désormais une nouvelle matière : la « biocéramique ». Un matériau moins fragile que la céramique traditionnelle et plus résistant que le plastique, composé de deux tiers de céramique et d’un tiers de plastique, lui aussi biosourcé. Des montres disponibles dès le 3 juin prochain. À partir de 125 euros.

Citizen : de la précision pour sa série Chronomaster

The Citizen, la collection haut de gamme créée en 1995 par l’horloger nippon, étoffe sa collection Chronomaster Eco-Drive. Limitée à 400 exemplaires, la Jounetsu (« passion » en japonais) présente un cadran rouge profond, écho aux érables qui poussent au pays du Soleil-Levant, au motif gaufré. Le modèle arbore un boîtier de 37,5 mm en Super Titanium, la matière plébiscitée par la marque depuis 1970, année au cours de laquelle ses ingénieurs avaient élaboré un titane bénéficiant d’un traitement de surface qui le rendait cinq fois plus résistant aux rayures que l’acier et plus agréable à porter, du fait d’un poids bien plus léger.

Citizen Jounetsu © Citizen

Mais l’atout de cette nouvelle création réside dans son calibre Eco-Drive de haute précision de +/- 5 secondes par an. Un système technologique et écologique lancé en 2016 par l’horloger de Shoshoka. Il permet de convertir la lumière naturelle et artificielle en énergie afin d’alimenter la montre qui peut donc fonctionner – plus d’une année et demie – sans avoir à changer les piles. Enfin, la Jounetsu offre la fonction de détection d’impact et de verrouillage brevetée par Citizen qui empêche les aiguilles de se désaligner en cas de chocs violents. 2 795 euros.

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Apose : le noir intégral simple et français

Pureté. Tel pourrait être le diktat de la marque Apose qui ambitionne de relancer la fabrication horlogère de l’Hexagone en incarnant le chic français avec des montres simples, sobres, élégantes et dépourvues de toutes les fonctions omniprésentes sur les modèles modernes. Une volonté de retour aux sources réussie pour la jeune griffe française et la n° 3, sa première création qui s’est rapidement répandue aux poignets des amateurs. Cette série inaugurale se décline à présent dans une finition en total look noir, satinée ou cristallisée.

Apose n° 3 noir intégral © Apose

Un nouveau défi et un parti pris esthétique et graphique pour Didier Finck et Ludovic Zussa, les deux fondateurs d’Apose. Celle nouvelle n° 3 noir intégral se pare d’une fine boîte de 40 mm – un diamètre unisexe, un critère important pour Apose – en acier avec revêtement PVD noir et bat au rythme d’un calibre automatique d’une autonomie de 44 heures. L’alimentation de la pièce, un mouvement Newton, est Swiss made et mis au point par Soprod, l’une des rares manufactures indépendantes utilisant des composants fabriqués à 100 % dans le Jura suisse et français. Le tout se complète de deux bracelets noirs en cuir de veau saffiano ou nato. 1 650 euros.