Halston, Gucci, Versace : ces héritiers en guerre contre les films et séries sur leurs familles

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2021 pourrait bien être l’année des biopics sur les créateurs de mode. Alors que le tournage de House of Gucci, par le réalisateur Ridley Scott, vient de se terminer, une série sur le célèbre créateur américain Roy Halston Forwick, produite par Ryan Murphy, est sortie sur Netflix, vendredi 14 mai. Très attendues par les fans, les deux oeuvres n’ont cependant pas provoqué l’enthousiasme des familles des défunts Gucci et Halston. Lundi 17 mai, les ayants-droits de ce dernier ont ainsi publié un communiqué signé Lesley Frowick, PDG des archives de la maison Halston et nièce du célèbre modiste. Un texte, repris ici par le média The Cut, dans lequel elle qualife la série de «compte rendu inexact et fictif» de la vie de son oncle. «Les archives Halston demeurent la seule source vérifiée et complète sur l’homme et son héritage, et tiennent lieu de gardien personnellement désigné de ses documents et de ses effets personnels», a t’elle ajouté.

Dans Halston, le showrunner Daniel Minahan s’offre une plongée dans les années 1970 et raconte l’ascension vers la gloire, puis la chute, dans un tourbillon de scandales, de sexe et de drogues, de cette icône de la mode disco et symbole du prêt-à-porter américain. Le créateur - incarné par Ewan McGregor -, qui fabriquait d’ordinaire des chapeaux pour sa mère, ira jusqu’à dessiner une toque pour Jackie Kennedy et sera très vite à la tête d’un empire. Dans des biopics où, traditionnellement, la frontière entre fiction et réalité reste très fine, scénaristes et réalisateurs ne font pas toujours appel aux proches des créateurs. D’après WWD, Netflix, ainsi que l’équipe de la série, n’auraient jamais tenté de contacter Lesley Frowick durant le tournage. «Ils ne nous ont pas du tout approchés, il s’agit donc d’une série non autorisée sur la vie de mon oncle (…). Les choses salaces font vendre. Il est triste que tant de gens essaient de monnayer cela», a déclaré la nièce d’Halston.

À la suite de ces accusations, le réalisateur, Daniel Minahan, a expliqué qu’il voulait simplement rendre hommage à une personalité qu’il admire, et à une époque d’incroyable effervescence créative. «L’intrigue se passe durant une période vraiment spéciale de l’histoire de New York», a déclaré le showrunner à l’Advocate. «A l’époque, j’ai déménagé ici parce que je voulais aller au Studio 54. Je voulais être avec Halston, Andy Warhol, et Steve Rubell. C’est un moment culturel magique à New York, pendant lequel Halston a créé cette petite communauté de personnes créatives. C’est très attractif».

En vidéo, “Halston”, la bande-annonce

La maison Gucci

La série Halston n’a pas été la seule oeuvre à s’attirer les foudres des héritiers de célèbres créateurs, désormais à la tête d’empires dont ils cherchent à protéger et à contrôler à tout prix l’image et la réputation. Depuis qu’il est entré en production, de nombreuses informations sur le nouveau film de Ridley Scott, House of Gucci, circulent ainsi sur les réseaux sociaux, dont des images du tournage et de son casting prestigieux. Adapté du livre La Saga Gucci – Du luxe au meurtre, de la création à la guerre boursière de Sara Gay Foren, publié en 2001, le long-métrage revient donc sur le meurtre de Maurizio Gucci (Adam Driver) orchestré par son ex-femme Patrizia Reggiani (Lady Gaga). Et ses premières images n’ont pas enchanté ses héritiers. «Nous sommes vraiment déçus. Et je parle au nom de la famille», a ainsi déclaré Patrizia Gucci, l’une des cousines du créateur, à l’Associated Press.

Instagram @ladygaga

Des accusations qui ressemblent à celles de Lesley Forwick, puisque l’appropriation d’une histoire à des fins bassement commerciales serait encore une fois au coeur du problème. «Ils volent l’identité d’une famille pour faire du profit, pour augmenter les revenus du système hollywoodien… Notre famille a une identité, une vie privée. On peut parler de tout. Mais il y a une limite qui ne peut être franchie», a t’elle ajouté. La cousine du magnat de la mode a d’ailleurs cherché à contacter l’épouse du réalisateur, Giannina Facio, pour en discuter, mais n’a obtenu aucune réponse.

Abaca

Le casting du tournage poserait lui aussi problème. Bien que ce film soit une œuvre de fiction inspirée de faits réels, la ressemblance entre les acteurs et les membres de la famille Gucci semble avoir profondément heurté les proches du créateur. Patrizia Reggiani a ainsi a du mal à se faire à l’idée qu’Al Pacino, cheveux gris et bedonnant, puisse jouer le rôle de son grand-père, Aldo Gucci : «C’était un très bel homme, comme tous les Gucci, très grand, les yeux bleus et très élégants. Il est interprété par Al Pacino, qui n’est déjà pas très grand et cette photo le montre gros, petit avec des favoris, vraiment laid. C’est honteux parce qu’il ne lui ressemble pas du tout». Jared Leto, qui joue le rôle du frère d’Aldo, Paolo, a également subi une grande transformation physique, avec calvitie évidente et quelques kilos en trop : la cousine de Maurizio Gucci l’a trouvé «horrible» et se «sent encore offensée par les images».

La maison Versace

Si House of Gucci et Halston sont déjà sous le feu des critiques, ce n’est pas la première fois qu’une série ou un film est blâmé par la famille des créateurs. En 2018, Ryan Murphy dévoilait la saison 2 de sa série American Crime Story, centrée sur le meurtre du styliste italien Gianni Versace.

FX

Et lors de la sortie de The Assassination of Gianni Versace, la famille de ce dernier publiait immédiatement un communiqué de presse, repris ici par le média américain Vanity Fair, rappelant qu’elle «ne devait être considérée que comme une œuvre de fiction». Sans pour autant critiquer l’œuvre de Ryan Murphy, Donatella Versace et le reste du clan se sont désolidarisés de la vision du réalisateur : «La famille Versace n’a ni autorisé, ni participé de quelques manière que ce soit à la série télévisée à venir sur la mort de M. Gianni Versace». Mais n’a pas complètement désavoué l’oeuvre. Penélope Cruz qui joue Donatella, la sœur de Gianni Versace, avait même eu une conversation avec celle qu’elle interprète : «C’était très important pour moi. Je pense qu’elle sait à la façon dont je l’incarne, que je l’aime vraiment et que je la respecte.», avait déclaré l’actrice à Entertainment Weekly. «J’espère vraiment que lorsqu’elle verra la série, elle sera heureuse. Je suis sûre qu’il y aura des scènes qui seront difficiles à regarder pour elle, parce que ça parle beaucoup de la perte de son frère, pour lequel, bien sûr, j’ai énormément de respect.»

Le dialogue comme solution?

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Le réalisateur, Ryan Murphy, avait lui aussi voulu rassurer le clan Versace : «Donatella avait quelques demandes sur la façon dont les enfants étaient représentés dans la série. Je l’ai entendue. En tant que père, je comprenais. Cela ne m’intéressait pas d’aller sur ce terrain-là, par respect pour elle». Seul Antonio D’Amico, le petit ami du styliste aux créations flamboyantes, a fait part d’un réel dégoût pour la scène montrant Ricky Martin, qui joue son rôle, découvrant le cadavre de son amant quelques instants après le meurtre. «L’image de Ricky Martin tenant le corps (de Gianni) dans ses bras est ridicule», déclare-t-il a The Observer. «C’est peut-être la vision poétique du réalisateur, mais ce n’est pas comme ça que j’ai réagi». Après ces déclarations, l’acteur portoricain a pris contact avec Antonio D’Amico lui demandant de ne pas juger «la qualité du film sur une seule photo, car elle pourrait facilement être sortie de son contexte».

En vidéo, “American Crime Story” saison 2: l’assassinat de Gianni Versace

“Yves Saint Laurent” VS. “Saint Laurent”

En 2014, deux biopics sur Yves Saint Laurent se partagent l’affiche, et les réactions de Pierre Bergé, compagnon du célèbre créateur, sont très attendues. S’il a été conquis par la performance de Pierre Niney dans la Yves Saint Laurent de Jalil Lespert, il n’a pas apprécié le biopic de Bertrand Bonello, Saint Laurent, avec Gaspard Ulliel. «YSL Bonello. César du costume. Os à ronger. César de complaisance qu’il ne mérite même pas. Film méchant, homophobe, où seul Ulliel existe», avait écrit Pierre Bergé sur Twitter, à l’issue de la cérémonie des César 2015.

EuropaCorp/Scope Pictures

Pourtant, pendant la réalisation du film, Bertand Bonello et le collectionneur s’étaient rencontrés. «Je ne voulais pas rencontrer Pierre Bergé avant d’avoir une vision claire du film que je voulais faire. Il y a eu certainement une maladresse de ma part, qui a donné suite à des malentendus. De maladresse en malentendu, on en arrive vite à des lettres d’avocats. Il y a eu un moment de tension à cause de ça. On s’est rencontrés par la suite, trop tardivement, et il m’a souhaité un bon tournage en me disant qu’il était certain que j’arriverai à faire un film de qualité. On a eu quelques échanges pendant le montage et avant Cannes. Maintenant, j’ai hâte qu’il le voie», avait déclaré Bonello dans les colonnes du Figaro, au moment de la sortie du film.

Las, Pierre Bergé fera son choix entre les deux films, désavouant clairement celui de Bertrand Bonello. Traduisant forcément la vision d’un réalisateur, les biopics de créateurs peuvent-ils convaincre ceux qui ont partagé la vie de ces derniers? Doivent-ils se faire avec l’accord des familles, au risque d’en voir effacées les parts d’ombres? Les fans, eux ont tranché. Toujours curieux de découvrirs leurs idoles, par le prisme de nouveaux regards.

Gucci présentera sa prochaine collection lors d’un défilé à Los Angeles

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Six ans après son premier défilé Croisière à New York, Alessandro Michele, directeur artistique de Gucci, traversera de nouveau l’Atlantique à l’automne. C’est à Los Angeles que la maison italienne présentera en effet sa prochaine collection, le 3 novembre prochain. « Une ville qui continue de fournir une inspiration constante [au créateur] et qui a joué un rôle important dans l’histoire centenaire de Gucci », explique cette dernière dans un communiqué publié le mardi 11 mai.

Cet événement, qui fait partie des nombreuses célébrations organisées par Gucci pour ses 100 ans, coïncidera également avec la 10e édition du Gala Art+Film du LACMA, qui aura lieu le 6 novembre et dont Gucci est partenaire.

Gucci célèbre son centenaire avec une nouvelle exposition à ne pas rater

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C’est à Florence, en janvier 2018, en marge de la 97ème édition du Pitti Uomo, qu’Alessandro Michele inaugurait le Gucci Garden. Rénové par le directeur artistique de la maison italienne en personne, cet écrin se compose alors de plusieurs salles d’exposition supervisées par Maria Luisa Frisa, critique et conservatrice, ainsi qu’une boutique de produits exclusifs et un restaurant orchestré par le meilleur chef du monde, Massimo Bottura.

Gucci Garden Archetypes

En 2021, Gucci a 100 ans. En marge de la collection homme et femme automne-hiver 2021-2022 Gucci Aria, qui soulignait l’héritage de la maison via une série de pièces et d’accessoires aussi audacieux les uns que les autres, mais aussi de l’annonce d’un prochain défilé à Los Angeles, la maison italienne dévoile une nouvelle expérience multimédia immersive. Intitulée Gucci Garden Archetypes, celle-ci se déroule au cœur du musée implanté à Florence, ode à la vision créative qu’a imposé de la marque au fil des années. L’exposition se penche sur les sources d’inspiration éclectiques de Gucci -musicales, artistiques, ou encore provenant de la culture pop- à travers quinze campagnes phare de l’aire Alessandro Michele, directeur de la maison depuis plus de six ans.

15 campagnes Gucci passées en revue

“Je me suis dit qu’il serait intéressant d’accompagner les gens à travers ces six premières années d’aventure en les invitant à entrer dans l’imaginaire, le récit, l’inattendu, les paillettes. J’ai donc créé un terrain de jeu avec ces émotions que l’on retrouve dans les campagnes, car ce sont les voyages les plus explicites dans mon imaginaire”, confie le créateur dans un communiqué. À l’intérieur du musée, “technologie de pointe, fabrication manuelle complexe et architecture intérieure innovante” créent une séquence de mondes distincts et immersifs, le tout conçu par Archivio Personale, le studio de design qui a transformé la vision d’Alessandro Michele en espaces narratifs.

Bloom ‘In Bloom’ AGNESE BEDINI

Cruise 2016 ‘the Dionysus Dance’ AGNESE BEDINI

Control room Courtesy of Gucci Garden

Cruise 2019 ‘Gucci Gothic’ AGNESE BEDINI

Fall-Winter 2016 ‘Tokyo Lights’ Courtesy of Gucci Garden

À découvrir? Une pléthore d’espaces thématiques donnant vie à l’univers singulier des campagnes Gucci. D’un côté, les visiteurs pourront découvrir le paradis floral parfumé de Gucci Bloom, qui mise sur une vision inclusive de la féminité avec un trio de personnalités phare : Dakota Johnson, l’artiste et photographe féministe Petra Collins et l’actrice et mannequin trans Hari Nef. De l’autre, la campagne pré-automne 2018, qui fait la part belle à la jeunesse parisienne de mai 1968, est évoquée via les graffitis qui recouvrent l’escalier qui connecte les deux étages de l’espace, tandis qu’Ignasi Monreal, invité par Alessandro Michele, a imaginé une fresque murale géante, clin d’œil à la campagne printemps-été 2018.

Cruise 2020 ‘Come AsYouAre RSVP’ Courtesy of Gucci Garden

Fall-Winter 2017 ‘Gucci And Beyond’ AGNESE BEDINI

Fall-Winter 2018 ‘Gucci Collectors’ Piercarlo Quecchia

Pre-Fall 2018 ‘Gucci Dans Les Rues’ AGNESE BEDINI

Spring Summer2018 ‘Gucci Hallucination’ AGNESE BEDINI

Si l’exposition est à découvrir sur place, une visite virtuelle est aussi disponible depuis aujourd’hui, et ne durera que deux semaines seulement. Découvrez toutes les informations sur le site officiel de Gucci.

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