Leonard Paris. Des coussins pour amortir le choc de la crise sanitaire

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Avec les confinements, les très chics boutiques Leonard Paris ont dû fermer les portes à leurs clients de la rue du Faubourg Saint-Honoré dans la capitale ou encore sur La Croisette à Cannes. Difficile pourtant quand on vend des vêtements haut de gamme de maintenir son activité uniquement avec un service web. Alors, la marque née en 1958 a décidé de lancer des collaborations dans le domaine de la maison, un segment qui fonctionne bien avec le développement du télétravail. Elle propose des tabourets et coussins habillés d’imprimés fleuris qui ont fait sa réputation. L’objectif de ce développement est double : se diversifier et rajeunir sa clientèle.

Impressions au soleil levant

Une petite révolution pour cette maison – dont l’emblème est une orchidée, la cattleya unique « une fleur fragile et sauvage, sans limites géométriques » – qui a toujours cherché à se différencier. À sa création, l’entreprise emmenée par Daniel Tribouillard et Jacques Leonard met au point avec un fabricant lyonnais un procédé révolutionnaire qui permet d’imprimer des tissages réputés « inimprimables ». Le succès est au rendez-vous. Parmi les premiers clients de Leonard Fashion ? Christian Dior et Hermès. Toujours dans l’optique de se différencier à travers les matières qu’il utilise et ses imprimés, Daniel Tribouillard présente, pour sa première collection en 1968, des robes en jersey de soie. Son slogan : « La robe Leonard, 150 grammes de bonheur. » Avant de se lancer dans la décoration, la société s’était déjà diversifiée dans la production de parfums, de cravates ou encore de carrés et elle a traversé les frontières pour se développer à l’international, notamment au Japon. L’entreprise partage une histoire singulière avec le pays du soleil levant, son gouvernement ayant demandé en 1983 au fondateur du groupe de remettre le kimono au goût du jour.

Le but de la collection est de s’adapter à la croissance du e-commerce tout en fusionnant la mode et les arts décoratifs.

Nouvelle cible

Pour la fabrication de ses tabourets, Leonard Paris s’associe à l’architecte d’intérieur et styliste Maryam Mahdavi. « Le but de cette collaboration est de faire fusionner la mode avec les arts décoratifs, où imagination et illusion deviennent réels et dans laquelle les fabuleux imprimés Leonard Paris sont up-cyclés pour trouver une nouvelle vie, dans un monde où l’écologie est au centre de tout », explique la société. Quant à la confection de ses coussins, Leonard fait appel à la jeune marque Oli Paris, laquelle utilise les panneaux de soie qui dorment dans ses placards. Les résultats de cette initiative se font déjà sentir : au premier trimestre de cette année, la marque double ses ventes en ligne en France, selon Les Échos. Elle espère qu’en 2022 l’e-commerce représentera l’équivalent des ventes d’une petite boutique. Leonard Paris souhaite aussi rajeunir sa clientèle (ses consommatrices ont entre 35 et 60 ans en Europe et 50 à 70 ans en Asie) grâce à une présence plus forte sur les réseaux sociaux mais aussi avec le lancement d’une collection capsule à l’été 2022. L’esprit entrepreneurial des fondateurs n’a pas quitté cette maison, qui a acquis le label d’Entreprise du patrimoine vivant et est dorénavant dirigée par Nathalie Tribouillard Chassaing, fille du créateur de la maison

Olivia Vignaud

Vidéo : Ryan Destiny vous invite à une soirée parfaite à la maison

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Il y a cinq mois, Ryan Destiny a emménagé dans son appartement de Los Angeles, qui offre une vue imprenable sur Hollywood Hills. Lorsque son emploi du temps le lui permet, elle crée l’atmosphère des lieux. Sa mission ? Des textures douces, des teintes neutres et épurées dans un style minimaliste agrémenté de touches chaleureuses : un jeté coloré et un grand tapis en forme de CD inspirés de Sade, par l’artiste Sean Brown, ainsi que des œuvres d’artistes noirs, sa préférée étant la photo percutante de Dapper Lou qui est accrochée dans son couloir.

Comme la plupart d’entre nous, sa chambre est son refuge. Elle nous explique qu’ « après une journée longue et mouvementée, quand l’esprit est plongé dans le chaos, on ne souhaite qu’une chose : retrouver une ambiance paisible ». Par conséquent, le lit est très confortable et rempli de coussins (« J’aime avoir des tonnes de coussins, je raffole des coussins »). La pièce comprend des touches personnelles telles qu’un mannequin de couture miniature offert par Christian Dior qui porte ses initiales.

Ryan Destiny n’a pas chômé. L’actrice et auteure-compositrice-interprète a joué pendant trois ans le rôle d’Alexandra Crane dans une série sur l’industrie musicale, Star (qui comporte des caméos de prestige : la reine du R&B Missy Elliott, l’auteur-compositeur-interprète Lenny Kravitz et la top-modèle Naomi Campbell, pour n’en citer que quelques-uns), avant de rejoindre l’actrice Yara Shahidi dans la troisième saison de la sitcom américaine Grown-ish. En 2020, elle a tenu la vedette du clip de Holy, le tube de Justin Bieber.

Tiercé gagnant

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Avec leurs teintes chaudes et harmonieuses allant du rouge vif au jaune d’or en passant par le rose, corail, cornaline et citrine colorent les silhouettes des beaux jours. Coutumier du registre de la fantaisie, le trio s’invite aussi dans la haute joaillerie, ce qui lui va très bien.

En 1923, La Gazette du bon ton titre « Le corail n’est-il pas la plus féminine des parures ? » Un siècle plus tard, l’affirmation reste d’actualité. Pour s’en persuader, il suffit de se plonger dans les dernières créations de haute joaillerie Van Cleef & Arpels. Parmi elles, un bracelet incandescent à double boucle rayonnante de corail marié à 57 carats de saphirs incarnats, saphirs mauves et diamants. Ou encore un corail fossilisé enchâssé dans une constellation de grenats spessartites rendant une bague prodigue en récits. Le corail, il en était aussi question lors de la vente Artcurial qui s’est tenue à Monaco en janvier. Outre un clip de corsage « fleur » Boucheron en corail gravé, un collier Cartier composé de quarante-et-une boules sculptées de motifs chinois scandées de disques de cristal de roche et d’onyx facettés y a été adjugé 104 000 euros. « Les bijoux en corail très bien travaillés ont toujours beaucoup de succès. Cette matière offre de jolies couleurs, très faciles et agréables à porter. Le collier a triplé son estimation parce qu’il s’agit d’un bijou Art déco répertorié », analyse Julie Valade, directrice du département joaillerie de la maison de ventes.

Le mot « corail » désigne aussi bien l’animal que le squelette carbonaté sécrété par ledit animal. Apparu il y a 550 millions d’années, il a besoin pour se développer d’une eau limpide et chaude, formant de grands récifs en Australie, Nouvelle-Calédonie et en Floride. La protection de ces sanctuaires de biodiversité entraîne un strict contrôle de la récolte et du commerce sous l’égide de la Cites (la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction de 1973), plus connue sous le nom de Convention de Washington. « En amont de la vente, nous montrons les bijoux à un spécialiste, expert en datation et en législation des espèces protégées et réglementées. Il détermine l’origine et la nature du corail, s’il est rose ou rouge. En fonction du résultat, il nous donne le feu vert pour le vendre, avec ou sans Cites. Le collier Cartier était en corallium rubrum, une espèce autorisée à la vente. Ce qui est aussi le cas pour le corail rouge de Méditerranée, contrairement au corail blanc, plus compliqué et réglementé », détaille Julie Valade. Ivoire ou pur, le corail blanc appartient aux coraux recherchés, au même titre que les espèces « peaux d’ange », « moro », au rouge soutenu et sang de boeuf caractéristique de l’aka du Japon, notamment transformé en calavera, la tête de mort mexicaine, chez Dior Joaillerie.

Le corail rouge enlumine la joaillerie Art déco qui le cisèle sous tous les volumes, gravé, côtelé, suifé, en bâtons, anneaux ou agrafes, le mariant au noir de l’onyx, de l’émail ou du jais, mais aussi au vert de l’émeraude et du jade. « Le corail a aussi été très utilisé dans les années 1930-1940, notamment en boule melonnée comme sur nos bracelets tête de chimère. La maison reste attachée à une nuance particulière, un rouge orangé soutenu dit ‘Louis Cartier’, que nous retrouvons toujours dans nos créations. Aujourd’hui, nous donnons la priorité au corail rouge précieux de Sardaigne, qui se conforme aux normes les plus élevées en matière de récolte », explique Pierre Rainero, directeur du style, image et patrimoine de Cartier. Emblématique des années 1970, avec les broches et bracelets d’Aldo Cipullo pour Tiffany & Co. ou les bijoux à l’esprit Renaissance signés Goossens pour Yves Saint Laurent, le corail revient égayer les pièces contemporaines. Dior Joaillerie le décline en cerises charnues, boucles d’oreilles coccinelles ou pétales de rose sur bagues romantiques, Marc Deloche le sertit en cabochons sur des pendants d’oreilles et manchette d’or jaune et argent, Ole Lynggaard le propose en goutte, Bvlgari en pendentif circulaire rehaussé d’un diamant.

Collier aux boules corail rouge scuplté vers 1925, Cartier, vendu par Artcurial en janvier dernier. - ©Artcurial

Translucidité et homogénéité

Elle aussi caractérisée par des teintes vives rouge orangé, la cornaline n’a rien à voir avec le corail. La pierre appartient en effet à une variété compacte de quartz, la calcédoine translucide à opaque. Longtemps exposées au soleil, les qualités indiennes passent du brun à un beau rouge vif, quand les cornalines naturelles du Brésil et d’Uruguay restent très rares. On les reconnaît par la distribution nuageuse de leur couleur visible à la lumière, à l’inverse des agates artificiellement teintées vendues comme cornaline. Adoptée par les premières civilisations, de la Crète à l’Asie centrale, qui la portent en camées et en amulettes, la cornaline n’a jamais été reconnue comme une espèce minérale distincte par l’Association internationale de minéralogie. Ce qui ne l’empêche pas de s’inviter dans la joaillerie contemporaine, combinant partis pris esthétiques et bijou pensé comme un accessoire et non plus comme une parure formelle.

Van Cleef & Arpels la convie ainsi dans des pièces de haute joaillerie et la décline en « boutons » inspirés des tutus de ses célèbres ballerines. Sélectionnée pour sa translucidité, son homogénéité et son lustre, la cornaline sertit aussi les coccinelles posées sur les bracelets, sautoirs et boucles d’oreilles de la dernière ligne printanière de la maison. Pour Julie Valade, « la cornaline est facile à tailler, raison pour laquelle on la retrouve dans de nombreux bijoux, comme l'‘Alhambra’ de Van Cleef & Arpels. Elle coûte moins cher que le corail, qui peut en plus avoir des veines et des circonvolutions. J’imagine donc que la choisir répond à des questions d’harmonie. C’est d’ailleurs la même démarche avec la chrysoprase, qui est une agate aux couleurs très harmonieuses. » Cette unité chromatique, de nombreuses maisons l’adoptent pour leurs collections phares, Piaget, Dior Joaillerie, Chaumet, Messika, ou encore Cartier qui avive le duo vert-orange avec ses bijoux cactus aux épines d’émeraudes et céphalium de cornaline.

Bracelet «Arche Solaire» en or blanc, saphirs, corail et diamants, collection haut joaillerie «Sous les étoiles» Van Cleef & Arpels. - © Bertand Moulin

Jouer les contrastes

Dernière complice de ce trio estival, la citrine vit une longue histoire avec la joaillerie. Bien que sa valeur ne soit pas très importante, ses nuances de jaune n’en sont pas moins dignes d’intérêt, entre paille et or. « Dans les années 1930, la citrine est souvent associée à la topaze, afin de jouer sur les camaïeux de couleur miel, notamment avec l’or jaune. Cette association de couleurs est dès lors devenue une signature de la maison », note Pierre Rainero chez Cartier. La pierre se marie aussi joliment au grenat almandin, à moins de jouer les contrastes, comme le fait la jeune maison Ad.Ornem avec sa bague mi-chevalière, mi-toi & moi sertie d’une citrine en coussin et d’une amazonite taille carré. « C’est pour nous une pierre qui est sur le même registre que l’améthyste ou l’aigue-marine, c’est-à-dire avec une valeur relative, quelle que soit sa qualité. Les citrines étaient beaucoup utilisées en parures dans les bijoux Napoléon III. À l’époque, elles étaient considérées comme des pierres assez nobles. On les retrouve ensuite dans les années 1940-1950, où elles étaient très à la mode, notamment en bagues. Quand Dior Joaillerie en utilise aujourd’hui, cela n’a rien à voir. Ce sont des citrines de très belle qualité qui sont magnifiques », détaille Julie Valade.

Effectivement, lorsque Victoire de Castellane traduit la passion de Christian Dior pour les jardins - il avait un temps envisagé d’ouvrir avec sa fleuriste attitrée, Madame Dedeban, des boutiques de bouquets en libre-service -, cela donne une collection de bagues bucoliques qui fleurissent les mains d’un tapis de marguerites, bleuets, boutons d’or poussant autour d’une généreuse citrine. La pierre s’immisce à merveille dans une joyeuse ronde de fleurs printanières telle que celle imaginée par Dolce & Gabbana. Flirtant avec l’évidence sur le toi & moi originel du serpent de Boucheron, la pierre fonctionne tout à fait avec les déclinaisons imaginées par Claire Choisne, des puces d’oreilles au sautoir. La citrine fait aussi merveille dans les combinaisons de couleurs chères à Bvlgari. Taillée en cabochons dodus, elle illumine des colliers multicolores sertis de rubis, d’émeraudes, de diamants et d’améthystes. Chromatiquement compatibles, la citrine et l’améthyste partagent aussi un lien minéralogique : la première se transforme en seconde… au bout d’un million d’années. Il suffit d’ailleurs de chauffer une améthyste pour retrouver la citrine originelle. De quoi faire sensation dans les prochains dîners.

Gabrielle de Montmorin