Mode en plein Covid – Dior tire les tarots pour présenter la haute couture

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Mode en plein Covid – Dior tire les tarots pour présenter la haute couture La marque à succès présente en pleine pandémie une collection virtuelle inspirée des tarots, un univers cher à son fondateur Christian Dior en temps d’incertitude.

«Les tarots parlent d’un monde magique» et servent «non pas pour voir l’avenir, mais pour mieux comprendre le présent et notre personnalité», souligne Maria Grazia Chiuri créatrice chez Dior. AFP

Face à la pandémie et l’incertitude, Dior a sorti les cartes de tarot et placé sa collection dans un monde magique mis en scène par le réalisateur italien Matteo Garrone lundi au premier jour de la haute couture, toujours virtuelle, à Paris.

«Qui suis-je?»: une jeune femme qui pose la question à la diseuse de bonne aventure traversera un univers onirique où elle croisera la Justice, l’Impératrice, le Fou, le Pendu, la Mort ou la Tempérance, avant que son côté féminin, incarné par une longue robe en dentelle à manches volumineuses, n’embrasse son côté masculin en tailleur «bar" iconique revisité.

«Cette collection est inspirée des tarots, un monde cher à Christian Dior qui consultait les cartes pour se rassurer», pour sa vie et sa maison lancée après la fin de la guerre en 1947 quand régnait «le sentiment d’insécurité», explique à l’AFP la créatrice italienne des collections femme de la maison, Maria Grazia Chiuri.

«Les tarots parlent d’un monde magique» et servent «non pas pour voir l’avenir, mais pour mieux comprendre le présent et notre personnalité», souligne la créatrice.

Les tarots des Visconti du 15e siècle parés d’or, d’émaux et d’entrelacs végétaux et géométriques ont été pris comme référence. Ces images guident les silhouettes de robes drapées et définissent les couleurs comme passées par le temps.

Veste bar masculinisée, chaussures plates

L’or est travaillé dans différents jacquards et broderies pour s’effacer et devenir mat.

On retrouve pourtant les codes de la maison Dior dont la mythique «veste bar» cintrée et ultraféminine lancée en 1947 et qui incarnait le New Look. Ici en velours noir, elle a une toute nouvelle construction, avec des plis latéraux et est assortie à un pantalon et des mocassins.

Maria Grazia Chiuri reste fidèle à son esthétique féministe avec des chaussures plates, chose extrêmement rare en haute couture. Des bottes et bottines cages ajourées, dorées et argentées complètent les robes longues.

L’évocation de la Renaissance italienne passe dans cette collection par le travail sur les matières.

L’une des techniques utilisées est celle de «velours dévoré» consistant à éliminer une couche de velours pour faire ressortir le fond en lamé or sur la robe «mille fleurs» ou celle décorée de signes de zodiaque peints à la main.

Une autre, c’est les «queues de rat» faites à partir de biais de tissu, cousus et retournés, appliqués sur chemises ou robes ton sur ton.

Fatigue

Le peintre italien Pietro Ruffo qui avait déjà collaboré avec la maison a développé le graphisme des tarots dans une interprétation contemporaine. On retrouve ses dessins presque abstraits sur les tenues et sur un jeu de cartes qui servent d’invitation à la présentation de la collection.

Comme la précédente collection haute couture virtuelle de Dior en été, celle-ci a été mise en scène par Matteo Garrone, réalisateur de «Dogman» et «Gomorra», récompensés à Cannes.

La première expérience «a été fantastique, sa manière de faire le cinéma est artisanale. Matteo a un langage poétique, extrêmement pittoresque qui se marie très bien avec ma vision de la haute couture», souligne Maria Grazia Chiuri.

Privée de défilés par la pandémie, les maisons repensent leur format de présentation.

En ouvrant lundi la semaine de la haute couture, «évènement le plus ancien et le plus international» dans le monde et qui ne se passe qu’à Paris, la ministre française de la Culture Roselyne Bachelot a salué «la résilience» des maisons qui «ont déployé une formidable créativité» pour préserver les Fashion weeks malgré le Covid-19.

«Promouvoir la mode»

«Nous essayons d’utiliser d’autres moyens pour pouvoir promouvoir la mode», souligne Maria Grazia Chiuri. Elle prépare une collection prêt-à-porter pour la prochaine Fashion week en mars sans savoir si le défilé pourra avoir lieu face à la situation sanitaire qui ne s’améliore guère.

«C’est inutile de nier que les défilés sont un élément clé, non seulement pour Dior, mais pour tout le milieu de la mode. Les invités qui y participent font partie du show"", souligne-t-elle.

«Le début de l’année a été très difficile, il y a eu des hauts et des bas. C’est fatigant de trouver à chaque fois des ressources pour aller de l’avant. La créativité est un refuge dans cette réalité difficile», conclut-elle.

AFP

Fashion Week : 8 jeunes créateurs à suivre

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Publié le 29 janv. 2021 à 8:53 Mis à jour le 29 janv. 2021 à 11:46

Ils ont la trentaine et ont déjà fait leur preuve. Plus libres, plus engagés que leurs aînés à la tête des grandes maisons, voici les huit jeunes créateurs du moment. Retenez bien leurs noms. Grace Wales Bonner (30 ans), Rushemy Botter (34 ans), Lisi Herrebrugh (30 ans), Hed Mayner (34 ans), Ludovic de Saint Sernin (le petit jeune de la bande, 29 ans), Louis-Gabriel Nouchi (33 ans), Spencer Phipps (35 ans) ou Masayuki Ino (39 ans). Ils sont britanniques, américains, israéliens, caribéens, français et japonais, pour la plupart diplômés des grandes écoles de mode et lauréats de concours prestigieux (Andam, Prix LVMH, BFC/Vogue Designer Fashion Fund).

Ce qui les réunit ? Une authentique créativité et une intelligence pragmatique. Ils ont su percer et imposer leur univers dans un paysage constamment renouvelé et ultra-compétitif. Ludovic de Saint Sernin, catégorie « créateur branché » (128.000 followers sur Instagram et des campagnes de publicité réalisées par le grand photographe Willy Vanderperre), signe une mode décomplexée - son premier coup médiatique fut un slip à lacet.

Lisi Herrebrugh et Rushemy Botter (le duo de Botter), proposent un vestiaire écoresponsable et poétique inspiré de leurs racines caribéennes - ils dirigent leur marque éponyme et depuis 2019, la création chez Nina Ricci. Spencer Phipps séduit avec son cool américain passé au filtre écologique. Hed Mayner, avec sa garde-robe intemporelle réconfortante et ouatée. Louis-Gabriel Nouchi modernise les essentiels du vestiaire et puise son inspiration dans la littérature - « Le Procès » de Kafka pour sa dernière collection. Masayuki Ino (du label Doublet) affiche un streetwear débridée.

Hed Mayner©Cecile Bortoletti

Intégrer de l’émotion

Enfin Grace Wales Bonner, presque star, déjà repérée par les grandes maisons, déjà courtisée. Née d’un père jamaïcain et d’une mère anglaise, Wales Bonner offre une silhouette à la croisée des cultures - cool jamaïcain et tailoring anglais. Par le prisme de la mode, cette jeune créatrice explore les grandes problématiques de l’époque : l’identité, la représentation des corps, la diversité. « Offrir une tribune à ces histoires noires oubliées, peu ou pas relayées, retranscrire leur poésie, est depuis le début ma préoccupation première dans ce métier », explique-t-elle.

Grace Wales Bonner©Jamie Morgan

Exigeante et patiente, la jeune femme affiche une maturité exemplaire et un parcours sans faute : diplôme de la Saint Martins School (2014), lancement de sa marque masculine (2014), extension au prêt-à-porter femme, récompenses (prix LVMH 2016 et BFC/Vogue Designer Fashion Fund 2019). Elle signe une collection avec Adidas et à la demande de Maria Grazia Chiuri, réinterprète la silhouette New Look pour la Collection Croisière 2020 de Dior. Avec « Black Sunlight », collection présentée le 23 janvier dans un film de 4 minutes sur fond de soleil couchant et de poèmes caribéens, elle poursuit sa formule stylistique gagnante. « Pour cette collection, j’ai regardé du côté du cinéma et la littérature, en puisant mon inspiration chez les intellectuels noirs caribéens, comme Derek Walcott, poète saint-lucien et prix Nobel de littérature » explique-t-elle.

Vingt-neuf silhouettes homme et femme, entre veste de smoking blanche cintrée, chemise imprimée à la main par Joy Gregory (artiste britannique aux racines jamaïcaines), uniformes en denim brut ou mailles rayées aux couleurs vibrantes. « Si je devais donner un conseil aux jeunes designers qui veulent se lancer ? C’est de se plonger dans les recherches, d’intégrer de l’émotion au travail, de définir leur propre vision de la mode et de créer une communauté autour d’eux à laquelle ils peuvent s’adresser », conclut la jeune femme à la tête bien faite, dont l’objectif est de faire de Wales Bonner une marque de luxe mondiale, bercée par la culture noire.

Tendances Soldes, jour J : ces marques de mode qui s’arrachent cette année

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En raison de la crise sanitaire, la période des soldes d’hiver, qui devait démarrer le 6 janvier, a été décalée au 20 janvier, pour une durée de quatre semaines. Jusqu’au mardi 16 février inclus, les inconditionnels du shopping vont donc pouvoir se faire plaisir. Sur quelles marques faut-il jeter son dévolu ? Lesquelles resteront tendance toute l’année ? Grâce à la data issue de Nextrends, son outil d’intelligence artificielle combinant réseaux sociaux, moteurs de recherches et sites internet (1), le cabinet de marketing C-Ways prédit les 100 griffes que les Français s’arrachent en 2021. Les voici. Tous secteurs Tous secteurs confondus, c’est la marque italienne de vêtements pour hommes “Palm angels” qui… remporte la palme. Lancé en 2015, ce label de prêt-à-porter streetwear rétro, se voulant à la fois chic et cool, a été créé par le directeur artistique des célèbres doudounes Moncler. Si les moins de 30 ans ne le connaissent pas, il est facilement reconnaissable par son logo en lettres gothiques inscrit partout (casquettes, chemises, sneakers…) et ses motifs emblématiques : cocotiers, feuilles de cannabis, têtes de morts, oursons décapités, etc. Les prix sont un peu dissuasifs : comptez entre 100 et 200 euros le tee-shirt, 500 à 650 euros le sweat à capuche.

Deuxième sur le podium, la marque française d’accessoires Cabaïa (bonnets avec pompons interchangeables, sacs à dos avec pochettes amovibles, chaussettes attachées l’une à l’autre…) lancée elle aussi en 2015, et disponible via le e-commerce, quelques magasins éphémères et un réseau de distributeurs. L’ex-Miss France Camille Cerf a d’ailleurs lancé fin novembre sa collection en édition limitée en partenariat avec la marque. Comptez 35 euros pour un bonnet avec ses trois pompons amovibles, 79 euros le sac à dos.

En troisième position, la marque anglaise de “fast fashion” (mode rapide) pour femmes “Pretty little things”, fondée en 2012 par les frères Kamani, propose en ligne un large choix de pièces (robes, combinaisons, joggings, bodys…) vues sur toutes les influenceuses du moment. Les spots de publicité, diffusés avant les émissions de téléréalité, visent à séduire les jeunes femmes jusqu’à 35 ans avec des vêtements souvent moulants et courts, parfois issus d’une collaboration avec des célébrités (Kourtney Kardashian, Doja Cat, Sananas, Lil Kim…). Les tenues de la griffe ont fait l’objet d’une vive polémique il y a un an, épinglée par l’image de la femme qu’elle véhicule, mais aussi lors du dernier “Black friday” : elles étaient soldées jusqu’à 99% de leur prix, alors que la marque de textile bon marché, appartenant à “Boohoo” (détenant aussi “Missguided” et “NastyGal”), est soupçonnée de sous-payer et maltraiter sa main-d’œuvre ouvrière et de ne pas utiliser de tissus respectueux de l’environnement.