Dior Homme, printemps 2022, et la formelle fantaisie des années 1960
Quand, en 2018, le créateur Kim Jones, venu de chez Louis Vuitton, succède à Kirs van Assche à la direction artistique de Dior Homme, sa première idée est d’en recalibrer les codes. Après une plongée en apnée dans les archives de la maison, c’est encore du Christian Dior qu’il recrée, ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre.
Chez le fondateur de la plus célèbre maison de mode et de luxe parisienne, les constantes, ancrées dans un passé vibrant, semblent avoir une âme qui se prolonge dans le présent. Elle est composée de terre et de fleurs, surtout des roses qui abondent encore dans sa maison familiale, la villa des Rhumbs, à Granville, en Normandie. Elle se décline dans une palette de gris perle, nuance choisie par Christian Dior dans la décoration de ses espaces commerciaux, non seulement pour ne pas faire d’ombre aux couleurs des collections mais pour les exalter. Ce gris Dior sera accompagné d’un rose poudré, un rose de roses tendres qui ne tardera pas lui-même à faire partie des codes de la maison. Quand le maître lance son phénoménal New Look en 1947, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, il est conscient du besoin de féminité d’une génération de femmes lasses de s’habiller en retaillant les surplus militaires, toutes les industries ayant été orientées vers l’effort de guerre. Son premier réflexe est de souligner systématiquement la taille avec de fines ceintures. L’époque n’est plus au corset, certes, mais marquer la silhouette féminine demeure une nécessaire coquetterie. On se souvient aussi des derniers feux de l’ère coloniale. Tarzan fait fureur au cinéma, et l’imprimé léopard, sur tissu ou maille, s’invite avec succès dans les nouvelles créations de la maison.
La patte de Marc Bohan
Tous ces codes vont invariablement traverser le temps, d’abord adoptés par Christian Dior lui-même, pour ses propres costumes. Le témoin sera transmis par chaque successeur du maître à son propre successeur qui va choisir de mettre l’accent sur un détail ou l’autre, mais sans jamais en perdre l’ADN. Le très Londonien Kim Jones est pour sa part séduit par l’héritage Dior des années 1960. Cette décennie est marquée par la patte de Marc Bohan, dont le mandat à la tête de la maison sera le plus long de l’histoire de celle-ci : de 1960, après la mort de Dior en 1957 et un passage éclair d’Yves Saint Laurent, à 1989 où la maison tombant dans l’escarcelle de Bernard Arnault, il cède la place à Gianfranco Ferré. C’est Marc Bohan qui va créer Christian Dior Monsieur, la ligne masculine de la maison qui deviendra plus tard Dior Homme. Et ce sont donc les archives de Bohan, toujours dans l’esprit Dior, qui demeurent la référence de l’identité des collections masculines que produira la maison.
L’héritage de demain
C’est dans ce patrimoine que Kim Jones a puisé les références de la collection Dior Homme printemps 2022 : la taille est ornée de ceintures, renforçant le style couture distinctif de Dior. Les motifs floraux symbolisent l’amour de Christian Dior pour les jardins et la nature, tandis que les badges graphiques des années 1960, créés par Marc Bohan, transforment le monogramme CD en un cœur « plein d’amour ». Ces références patrimoniales subtiles et délicates sont affichées dans des pièces qui demeurent éminemment contemporaines. Inscrit dans une lignée prestigieuse de créateurs et conscient de sa mission de transmission, Kim Jones veut proposer « une mode d’aujourd’hui qui soit l’héritage de demain ». On trouvera dans cette collection des créations hybrides entre couture, sportswear, casual et formel : la pandémie a transformé le monde et la façon de s’habiller, avec un besoin croissant de confort, de neutralité de genres et de liberté. Des vestes réversibles en laine Pilot révèlent des couleurs contrastées, les vêtements d’extérieur sont légers et compressibles. Le sac Saddle, en forme de selle comme son nom le rappelle, se porte sur le côté. Les sacs incontournables de la collection Dior Lingot, en plusieurs tailles, incarnent le sac de voyage des archives de la maison. Inspirée des ateliers du 30, avenue Montaigne, la collection rend hommage au savoir-faire artisanal de la haute couture, qui se traduit par des pièces alliant luxe et raffinement, entre tenues cérémoniales et formes classiques des tenues de travail.
Les costumes formels bénéficient du confort du sportswear et se portent, avec les nouvelles baskets Dior B30 ou des mocassins souples en cuir précieux. Les matières de la collection sont ultraluxueuses et sensuelles, ornées de broderie kumo, qui signifie nuage en japonais, notamment dans une grande version du motif Dior Oblique. La palette est douce et discrète : le gris et le rose préférés de Dior, les teintes terreuses qui font écho à la maison de campagne bien-aimée de Christian Dior, et le beige grès, qui rappelle l’architecture du 8e arrondissement de Paris, où la maison est née. « Il faut que tout change pour que rien ne change », dit Lampedusa dans Le Guépard. Rarement cette citation devenue slogan ne s’est mieux illustrée dans la mode.
Dior Men rinde tributo a Bohan y a los grandes gatos para su primavera 2022
Dior Men rinde tributo a Bohan y a los grandes gatos para su primavera 2022 Por:
Godfrey Deeny Traducido por
Diana León Banda Publicado el
25 may. 2021
Quizá, al menos durante una temporada, la gente pueda rebautizar a Dior como Christian Bohan. Para su última colección para Christian Dior, el director creativo de moda masculina de la casa, Kim Jones, ha canalizado múltiples ideas del diseñador Marc Bohan, el individuo con el reinado más largo en la firma de Alta Costura de París.
Dior Men Primavera2022 - Foto: Brett Lloyd para Dior
En una colección elegante y juguetona, Jones ha retomado la insignia de Bohan ‘‘CD’’ como un corazón de amor y ha utilizado los gráficos de ese diseñador en looks deportivos de verano americano.
“Para la colección masculina de la primavera de 2022 nos fijamos en un montón de creaciones de archivo de Dior de los años 60 de Marc Bohan y revisamos algunos clásicos de la casa que ya habíamos elegido como base para avanzar en la siguiente temporada, algo refrescante. Revisamos todos los grandes éxitos y las cosas que más nos han gustado hacer y reanimar el Atelier Christian Dior. Examinamos diferentes técnicas que habíamos hecho, como los florales, y nos centramos realmente en los diseños de Marc Bohan de los años 60”, dijo Jones a FashionNetwork.com.
Bohan reemplazó al sucesor de Dior, Yves Saint Laurent, en 1960, cuando éste se marchó al servicio militar, y siguió dirigiendo la casa durante casi tres décadas hasta 1989, cuando le sucedió Gianfranco Ferré. Monsieur Dior, que realizó su primer desfile para la casa el 12 de febrero de , apenas duró una década antes de sucumbir en el balneario de Montecatini (Italia).
Dior Men Primavera 2022 - Foto: Brett Lloyd para Dior - Foto: Brett Lloyd per Dior
Aunque Bohan fue menos aclamado por la crítica que muchos de los sucesores de Dior, tanto Jones como la directora creativa de ropa de mujer de Dior, , han hecho referencia con frecuencia a él en sus diseños, recurriendo a su enfoque juvenil, a sus gráficos y a sus conocimientos comerciales.
Además, el paso de Jones de a Dior le ha hecho florecer como sastre: desde los pantalones lánguidos y de corte ideal hasta las chaquetas hipercrispantes cortadas con solapas profundas y largas, ceñidas a la cintura con cinturones a juego.
Kim también tiene predilección por el estampado grande de gato en las prendas de punto, con cárdigans de cachemira de leopardo verde o jerséis de cuello tortuga de color beige. Una vez más, extemporáneo, desde que Monsieur mostró el estampado de leopardo en 1947, en su primera colección Dior, famosa por el New Look.
Otras ideas geniales fueron un suéter Aran de cuello redondo con un corte en V en la línea del cuello, y una serie de chaquetas Eisenhower con bolsillos con solapa en la parte superior y bolsillos inferiores inclinados. Se ven en pieles de oveja lisas reversibles, lanas finas o nylons.
Dior Men Primavera 2022 - Foto: Brett Lloyd para Dior - Foto: Brett Lloyd per Dior
Un ambiente americano, desde las camisetas de béisbol con logotipos hasta una chaqueta varsity negra en negro y gris en la que se leía “Christian Dior Atelier, Paris 47”, en referencia al año de fundación de la casa.
Lo mejor de todo es que Jones preparó un montón de accesorios llamativos, desde varios nuevos bolsos Dior Saddle, que se llevaban con correas cruzadas al hombro, un elegante bolso de fin de semana bautizado como Lingot y unas nuevas y bonitas zapatillas B30.
Bohan y Monsieur seguramente habrían aprobado la colección.
Mode : l’hommage de Kim Jones à Amoako Boafo
Publié le 9 mai 2021 à 16:00
La collection
« Portrait of an artist ». C’est le titre que le designer britannique Kim Jones a choisi pour sa collection printemps-été 2021 qui n’a pas pu défiler devant le public, mais a été présentée via un film de dix minutes en deux parties, signé par l’artiste Chris Cunningham puis par Jackie Nickerson. Portées uniquement par des mannequins noirs, 31 silhouettes masculines oscillent entre teintes gris perle et touches de couleurs vives jaunes orangées, sur fond d’imprimés rayés et de motifs fleuris.
Fidèle à sa formule stylistique gagnante, Kim Jones continue ici de combiner codes du luxe, cool urbain et références au patrimoine de la maison de l’avenue Montaigne. Ainsi, les manteaux drapés, les chemises blanches soyeuses et les vestes de costumes fluides, côtoient des shorts aux proportions streetwear, des débardeurs en crochet (reprenant la célèbre toile oblique Dior), ou encore des pulls amples sur lesquels apparaissent brodés des visages issus des oeuvres de l’artiste Amoako Boafo. « J’adore son travail, j’ai toujours voulu travailler avec un artiste africain car j’ai grandi en Afrique et l’art africain a toujours fait partie de ma vie », explique Kim Jones dans le film.
La référence
À 36 ans, l’artiste peintre ghanéen autodidacte Amoako Boafo est une star montante de l’art contemporain. Sa cote a flambé pendant le confinement - la toile The Lemon Bathing Suit (2019), estimée entre 38.000 et 64.000 dollars, a été vendue à plus de 880.000 dollars - et ses oeuvres sont désormais exposées au palais Albertina de Vienne, au Rubell Museum de Miami, au musée Guggenheim de New York ou au Lacma de Los Angeles. Installé à Vienne depuis 2013, il met l’identité noire au premier plan de son art et travaille des visages peints au doigt, en laissant exploser des tonalités de brun, ocre, bleu céruléen, vert mousse et jaune safran.
C’est sa série « Black Diaspora », représentant des hommes et des femmes issus de la diaspora ou du continent africain, réalisés sur des fonds unis et colorés, qui a rencontré la sensibilité de Kim Jones. À tel point que ce dernier a donné vie à certains personnages issus de ces oeuvres ou a converti ces toiles en motifs de vêtements. Le tout en collaboration directe avec Amoako Boafo.