Zizi Jeanmaire et Yves Saint Laurent dans le studio du couturier, avenue Marceau, dans les années 1960. Droits réservés/Service de presse

L’éparpillement a lieu six mois pile après sa disparition : chez Christie’s, jusqu’au 26 janvier, la garde-robe de Zizi Jeanmaire fait l’objet d’une exposition avenue Matignon et d’une vente aux enchères – des affaires à conclure en ligne, pandémie oblige. Ce n’est pourtant pas la mort, à 96 ans, de la plus plumée des danseuses et chanteuses qui fut le déclencheur de ces adjudications, mais un coup de fil de l’artiste elle-même.

Etonnée par le succès de la vente des pièces Yves Saint Laurent de Catherine Deneuve il y a deux ans, Jeanmaire téléphone en 2019 à la commissaire-priseuse Camille de Foresta. « Je ne savais pas que les vêtements pouvaient autant passionner les gens au­jourd’hui, lui dit-elle. J’ai bien connu Saint Laurent, vous savez. Pensez-vous que mes habits, conservés dans un garde-meuble et que je n’ai plus mis depuis vingt ans, pourraient intéresser ? »

Première rencontre en 1957

En février 2020, la commissaire fait le déplacement jusqu’en Suisse, où vit l’ex-star du music-hall, ouvrant les unes après les autres les housses qui protègent les vêtements. « J’avais l’image d’une Zizi Jeanmaire un peu extravagante dans ses tenues de scène, mais je me suis aperçu qu’à la ville elle était classique de chez classique, raconte celle qui a supervisé la vente. On retrouve tous les codes Saint Laurent – trench, saharienne, smoking… – mais avec peu de pièces de couleur et un jeu réduit au noir, blanc, brun et gris. »

Robe portefeuille en crêpe de soie imprimé noir et blanc, printemps 1984. Christie’s Images Ltd, 2021

L’ancien collectionneur Olivier Châtenet, spécialiste du couturier français qui a pour l’occasion joué les conseillers, résume : « La femme Saint Laurent a toujours eu un côté double, élégante le jour, exubérante la nuit. Or, cette vente-là est comme un parfait précipité des tenues de jour : simples dans les formes, sans fanfreluches. » Hormis une poignée de costumes de scène signés Hervé Léger et Gianni Versace, les 142 lots consistent en grande majorité en des vêtements et accessoires de ville, de facture haute couture et siglés YSL, rythmés çà et là par quelques fins souliers Roger Vivier et sacs Hermès.

Avant de débarquer en Suisse pour ce qui sera son unique rencontre avec Zizi Jeanmaire, le confinement ayant empêché tout autre rendez-vous, Camille de Foresta avait préparé sa venue, écumant documentation, lectures, recherches d’images d’archives… « J’avais repéré plusieurs pièces en amont que j’espérais voir : une robe portefeuille tachetée noir et blanc en crêpe de soie du printemps 1984 ou une robe perlée du printemps 1969 portée lors d’une avant-première et dont Catherine Deneuve possédait aussi un modèle. J’ai été très heureuse de les trouver au milieu de belles surprises, comme ce smoking de 1975 brodé pour elle sur la poitrine d’un double Z signature. »

Il vous reste 39.69% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.