Perdons-nous Le Fil ?
Les voici, les moyennes d’écoute des journaux télévisés de Noovo Info, en ondes depuis un mois déjà. Le Fil 22 de Michel Bhérer s’en sort le mieux avec 101 000 adeptes. Le Fil 17 de Noémi Mercier suit avec ses 70 000 fidèles. Et Le Fil week-end de Meeker Guerrier complète le podium avec 30 000 curieux.
Hugo Dumas
La Presse
Ces chiffres d’audience ne cassent pas la baraque, on s’entend. Par contre, deux des quatre semaines de diffusion du Fil ont eu lieu à l’extérieur de la programmation régulière de Noovo. L’absence de grosses locomotives comme Big Brother Célébrités ou L’amour est dans le pré affecte à la baisse les performances globales de la chaîne de Bell Média.
À l’inverse, quand La semaine des 4 Julie précède Le Fil de 22 h, l’auditoire du bulletin grimpe à 140 000 téléspectateurs. Bref, l’aiguille bouge sur le compteur de Numeris, mais pas autant qu’à Radio-Canada ou TVA.
Les timides résultats d’écoute des productions du service Noovo Info ne découragent pas son directeur général, Jean-Philippe Pineault.
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE « Le produit va continuer de s’améliorer », a indiqué le directeur général de l’information de Bell Média, Jean-Philippe Pineault.
On est en train de construire quelque chose. On raconte des histoires de façon différente, on incarne les nouvelles, on apporte d’autres points de vue. Pour nous, la télé est une des plateformes que l’on exploite », confie-t-il en entrevue. Jean-Philippe Pineault, directeur général de l’information de Bell Média
Des ajustements sur l’éclairage, les plans de caméra et le rythme (plus rapide) ont été apportés. Le côté magazine implanté dans les premières éditions a été légèrement estompé pour ramener de l’actualité plus brûlante en tête de bulletin. « Le produit va continuer de s’améliorer », assure Jean-Philippe Pineault.
Ce n’est pas mauvais, ce que fabrique Noovo Info, même si je préfère la formule plus traditionnelle privilégiée par TVA et Radio-Canada. La semaine dernière, le journaliste Étienne Fortin-Gauthier a levé le voile sur un grave problème d’eau potable du village d’Ivujivik au Nunavik. Le témoignage de la militante et femme trans de 71 ans Chloé Viau, qui a de la difficulté à se dénicher une place dans un centre d’accueil en Estrie, a été super intéressant, également.
Voilà le genre d’histoires originales qui distinguent Noovo de ses concurrents. Mais est-ce le meilleur endroit pour les faire rayonner, dans des bulletins de 17 h et 22 h ? Pas certain. D’où l’effort que Noovo Info déploie sur les plateformes numériques pour que ses contenus voyagent.
Comme Noovo ne dispose pas des moyens de TVA Nouvelles ou du centre de l’information de Radio-Canada, plusieurs segments du Fil de 17 h de Noémi Mercier se répètent intégralement au Fil de 22 h de Michel Bhérer. Ce n’est vraiment pas idéal. Personnellement, quand j’ai vu un topo à 17 h, ainsi que la longue conversation avec le journaliste qui l’a préparé, je zappe s’il repasse à 22 h.
Cette façon aussi de positionner les analystes tout au bout de la table du chef d’antenne, de côté avec la caméra, est étrange. On sent souvent l’inconfort physique des commentateurs qui y sont relégués.
PHOTO ALAIN ROBERGE, LAPRESSE Noémi Mercier anime avec aplomb Le Fil 17 sur Noovo Info.
Des trois têtes d’affiche de Noovo Info, c’est Noémi Mercier qui vole la vedette. J’aime son aplomb, son aisance et sa maîtrise des dossiers. Dans sa façon de poser des questions ou d’émettre des commentaires sur les sujets du jour, Noémi Mercier ne cache cependant pas ses opinions. On aime ou pas cette approche encouragée par les patrons de Noovo Info.
Pierre Bruneau, Patrice Roy, Céline Galipeau et Sophie Thibault privilégient une forme de réserve — et de retenue — dans la livraison des nouvelles. J’aime mieux ça comme téléspectateur. C’est un peu agaçant de savoir comment va se dérouler une entrevue avant même qu’elle ne débute. Ceci dit, je n’aime pas plus quand les analystes de CNN se mettent à pleurer en ondes quand des évènements les bouleversent. Gardez-vous une petite gêne.
On sent actuellement une écœurantite aiguë chez une certaine frange de la population à propos des médias qui leur « disent quoi penser et comment penser ». C’est peut-être un des reproches que j’ai souvent le plus entendus à propos du bulletin de 17 h sur Noovo.
Chose certaine, personne ne reprochera à Noémi Mercier, stylo dans la main gauche et télécommande dans la main droite, d’être hypocrite ou d’avoir un « agenda caché ». Elle incarne parfaitement l’information qu’elle transmet. C’est le mandat qui lui a été confié.
Vous avez sans doute remarqué que tous les gens en ondes se tutoient. C’est une consigne de la direction afin d’encourager la proximité avec les téléspectateurs.
Et tous les soirs, Noémi Mercier prouve que c’est possible d’être chic et décontracté à la fois. Ses vêtements — commentaire superficiel en préparation — sont magnifiques. La journaliste travaille avec la styliste Chanelle Riopel, qui s’occupe aussi des looks de Véronique Cloutier, Karine Gonthier-Hyndman et Catherine St-Laurent. Quand Paul Arcand fait de la télévision, il embauche lui aussi la styliste Chanelle Riopelle.
Certains des reporters de Noovo Info auraient clairement besoin des services de cette styliste douée. Car oui, l’image compte beaucoup à la télé, même dans un bulletin de nouvelles dit sérieux. Aussi, ce n’est pas parce qu’un journaliste se visse une tuque sur la tête qu’il devient de façon magique différent, cool et branché, O.K., bro ?
Dans les coulisses de 1res fois avec Véro
Il faut être en forme pour suivre Véronique Cloutier durant toute une journée dans les coulisses de 1res fois, sa nouvelle émission à succès à Radio-Canada. Attachez votre tuque, c’est parti…
13 h
Photo MARTIN ALARIE, journal de montrÉal
Véronique arrive au studio 42, situé au 2e sous-sol de Radio-Canada. Café moka lait d’amande en main, elle amorce les répétitions, entourée des recherchistes de 1res fois, qui prennent la place des véritables invités, Patrick Huard et Marc Hervieux, lesquels sont attendus en soirée. Ces derniers n’ont aucune idée des surprises qu’on leur réserve. « Chaque invité donne une préentrevue de deux heures durant laquelle on aborde un tas de sujets, explique Véronique. Ton premier professeur, ton premier french, ta première auto, ton premier voyage, ton premier poster… On ratisse tellement large que c’est impossible d’avoir des attentes précises. »
15 h
Photo MARTIN ALARIE, journal de montrÉal
Puisque tout doit être bouclé avant l’arrivée des invités, les répétitions se déroulent à vive allure. Malgré la pression, l’ambiance demeure conviviale. « Je suis tellement bien entourée, déclare Véronique. L’équipe est solide. Il n’y a pas de guerre d’ego. On veut juste faire un bon show. » L’émission a beau être entrée en ondes en janvier, l’animatrice a déjà trouvé son rythme. « Ma réponse peut avoir l’air bizarre ou même fake, mais la magie a opéré tout de suite. Au prépilote, quand il n’y avait pas de décor, pas rien, j’étais bien… Je n’ai jamais été nerveuse. »
16 h 45
Photo MARTIN ALARIE, journal de montrÉal
Véronique procède à quelques ajustements avec Chanelle Riopelle, sa styliste de longue date. Ce soir, elle portera un ensemble rouge de marque Aritzia, remarqué au cours d’une séance de magasinage en ligne. « On choisit toujours des tenues de bon goût, précise Chanelle Riopelle. Rien de trop court, rien de trop provocateur… On joue avec les tendances, mais on s’assure de prendre des morceaux hyper accessibles, à prix abordable. »
17 h 15
Photo MARTIN ALARIE, journal de montrÉal
Véronique s’installe au CCM (coiffure, costume, maquillage). L’animatrice profite du moment pour relaxer et recharger ses batteries. C’est le moment de potiner en douceur. « Je suis en économie d’énergie, explique-t-elle. On rigole, on jase, mais c’est tranquille. Ce n’est pas le moment où je vais me mettre à faire des simagrées, chanter fort, pis faire la split. »
Durant cette période, Véronique tente de trouver un moment pour réviser ses notes, mais entre l’arrivée des enfants, une demande de photo des beaux-parents d’un membre de l’équipe, quelques mini-urgences et plusieurs questions du Journal, c’est peine perdue.
18 h 15
Photo Marc-André Lemieux
Réunion avec Jessy Beaulieu, productrice au contenu de 1res fois, qui informe Véronique des changements de dernière minute au déroulement de l’émission. Après cette rencontre, Véronique rejoint une vingtaine de personnes du public pour discuter et prendre des photos. Ces invités VIP, qui assisteront à l’enregistrement, ont payé leurs billets 50 $, une somme qui sera remise à la Fondation Véro & Louis, qui vient en aide aux enfants autistes.
19 h
Photo Courtoisie
L’enregistrement commence. Marc Hervieux et Patrick Huard se prêtent au jeu avec générosité et abandon. Et quand un pépin technique retarde le déroulement des opérations, ils divertissent la foule en studio en racontant des anecdotes de tournée. Quant à Véronique, elle mène ses entrevues de main de maître, sans oreillette ni télésouffleur, malgré le grand nombre d’informations avec lesquelles elle doit jongler. « J’ai appris mon métier comme ça, explique la lauréate de plusieurs prix Artis et Gémeaux. L’an dernier, sur Votre beau programme, j’avais demandé un télésouffleur parce que j’avais trop de choses à faire : une chorégraphie, un changement de costumes, une entrevue… J’ai détesté ça. Ça coupait ma spontanéité. »
21 h 30
Photo Marc-André Lemieux
L’enregistrement est terminé. Il est tard, mais malgré tout, plus de 50 personnes font la file pour prendre une photo avec Véronique à l’extérieur du studio. L’animatrice ne fait pas patienter ses admirateurs longtemps et prend la pause avec chacun d’eux, un rituel qu’elle suit depuis La fureur en 1998. « Pour moi, c’est la moindre des choses. Les gens se déplacent un vendredi soir. Ils applaudissent comme des fous. Ils font tout ce qu’on leur demande de faire. Si quelqu’un veut une photo, je vais lui en donner une avec un grand plaisir. »
ICI Radio-Canada Télé présente 1res fois les jeudis à 20 h.