Nice. La campagne de vaccination à l’AztraZeneca fait un bide complet ce week-end
Actu Nice Voir mon actu Suivre
La campagne de vaccination à Nice (Alpes-Maritimes) de ce week-end des samedi 17 et dimanche 18 avril 2021 a été un véritable bide. (©Illustration – AdobeStock – vladim_ka)
C’est ce qu’on appelle faire un bide. Ce week-end du samedi 17 et dimanche 18 avril 2021, Nice (Alpes-Maritimes) devait faire une campagne massive de vaccination, à l’AztraZeneca.
Le personnel prioritaire de plus de 55 ans, tels que les professeurs des écoles, collèges et lycées, ou encore les policiers municipaux, pouvaient venir se faire vacciner au Palais des expositions sur rendez-vous.
On ne s’en sortira jamais 👉 À Nice, ce vaccinodrome qui attendait du personnel prioritaire ferme faute de volontaires https://t.co/DPFSN2Rp0X — Fabienne Sintes (@FabSintes) April 18, 2021
Le calme plat
Sauf que… Ce qui devait être une vague de vaccination s’est transformée en mer d’huile. Tellement peu de personnes ont été volontaires que le centre a fermé ses portes dès samedi après-midi.
Au vu du petit nombre de réservations, la mairie de Nice a même pris la décision de ne pas rouvrir les portes ce dimanche comme le relève France Bleu Azur.
Sur les 4.000 doses prévues, seulement quelques dizaines auraient été injectées.
Pour autant, la préfecture assure que le dispositif devrait revoir le jour dans les deux prochaines semaines, et précise que, dans les Alpes-Maritimes, seuls 3.000 enseignants sont concernés par cette campagne.
D’ailleurs le 14 avril, malgré le pfizer, il n’y avait pas foule non plus, au grand regret des soignants. Ce n’est pas qu’une question d’AstraZeneca. #Nice06 https://t.co/V5EXkEMPqL pic.twitter.com/HMzNqqObQI — Nicolas Quénel (@NicolasQuenel) April 17, 2021
Le 14 avril, l’opération n’avait déjà pas été une grande réussite. C’était alors le vaccin Pfizer. La raison ne se limite pas donc à la variété de vaccin proposée.
En parallèle, la mairie de Nice a annoncé des mesures pour accélérer la vaccination dans certains quartiers.
LOL : qui rit, sort ! (Amazon Prime) Philippe Lacheau : “Être le maître du jeu, c’est ce que je préfère”
Valerian, Le Pacte des loups, Les Amants du Pont-Neuf… 12 preuves que le cinéma français peut être fou
Valerian et la Cité des mille planètes, ce soir à 21h05 sur TF1.
Retour sur 10 projets fous du cinéma français.
Qui a dit que le cinéma français n’était jamais fou, ambitieux et exaltant ? Trop de monde, trop souvent, en oubliant à quel point de nombreux réalisateurs et producteurs ont rêvé (trop) grand, avec des moyens et des idées énormes.
Ecran Large revient sur une dizaine de productions follement ambitieuses et périlleuses, qui ont plusieurs fois prouvé que le cinéma français était capable de surprendre - pour le meilleur et pour le pire, artistiquement et financièrement.
Le Chant du loup, récent exemple de grosse ambition
Le pitch : Abel Gance rend hommage à Bonaparte et retrace une partie du parcours de l’Empereur.
Le budget : Le film datant de 1927, les sources sur le budget, comme le box-office, sont très maigres, voire quasi inexistantes. Certains parlent d’un film à 17 millions de francs mais rien ne peut-être sûr. Une chose est sûre : le budget de Napoléon est colossal pour l’époque.
Le box-office : Inconnu.
Pourquoi c’était fou : Napoléon est resté dans l’histoire grâce à l’approche révolutionnaire qu’a eue Abel Gance du médium cinématographique. Pour dynamiser son film, le cinéaste a fait preuve d’une grande inventivité. D’abord en libérant la caméra de son trépied (invention d’une sorte de steadicam avant l’heure, d’une caméra sous-marine, utilisation de tous les supports possibles pour effectuer des mouvements complexes…), ensuite en élargissant l’image à l’écran.
En effet, très longtemps avant les autres tentatives de format large, Abel Gance met en place trois caméras projetant sur trois écrans, permettant ainsi de créer différents effets : image d’une largeur supérieure, répétition d’une image sur trois écrans, projection de trois points de vue différents, symétrie par inversion de l’image.
L’écran s’élargit dans un triptyque mythique
Mais si Napoléon d’Abel Gance est aujourd’hui un monument du cinéma français, ce n’est pas uniquement grâce au génie technique et de mise en scène de son réalisateur, mais aussi parce que le film est un cas d’école de production houleuse qui transforme le rêve en cauchemar.
La folie du projet aura été (en partie) sa potence. Pendant près de deux ans, le tournage verra se succéder environ 200 techniciens, 40 vedettes et des milliers de figurants. Et tout ça pour ne réaliser qu’une infime partie du rêve d’Abel Gance. Car si le résultat final, dans sa version longue, fait plus de 6 heures, le réalisateur avait initialement prévu un biopic en 6 à 8 parties (les sources ne s’accordent pas toutes) et Napoléon n’est le résultat que de la première. À cause du coût faramineux du premier film, les autres volets ne verront jamais le jour. Les sources ne sont pas claires sur le montant exact, certaines parlent d’un film à 17 millions de francs alors même qu’Abel Gance avait prévu au départ 20 millions pour l’intégralité de sa fresque. Mais si ces chiffres sont exacts, il ne sont pas très parlants, d’une part à cause du changement de monnaie et de l’inflation, d’autre part parce que la façon de consommer un film n’était absolument pas la même à l’époque. Albert Dieudonné est Bonaparte Au-delà de la production du film, déjà folle en soi, l’histoire de Napoléon est à elle seule une des plus grandes aventures du 7e Art : sa première version de 4 heures présentée en 1927 à l’Opéra de Paris ; la version intégrale, d’une durée d’environ 6h25 actuellement en chantier ; les nombreux remontages d’Abel Gance lui-même jusqu’en 1971 ; les sauvegardes effectuées par Henri Langlois et Marie Epstein à partir de 1949 ; ou les restaurations à l’initiative de Kevin Brownlow. Là encore les sources ne s’accordent pas toutes, mais c’est environ une vingtaine de versions différentes qui existent. Francis Ford Coppola suit de près la dernière restauration du film, engagée par Georges Mourier pour la Cinémathèque depuis 2007, et parlerait de 23 versions.
Le pitch : Une adaptation du classique d’Émile Zola, sur la misère des travailleurs dans le nord de la France, sous le Second Empire.
Le budget : 165 millions de francs (environ 27 millions d’euros), soit le film français le plus cher à l’époque.
Le box-office : 6,1 millions d’entrées. Succès.
Pourquoi c’était fou : Le roman de Zola avait déjà été adapté, mais le film de Claude Berri restera comme la version la plus marquante. Triomphe dans les salles avec plus de 6 millions d’entrées, porté par un gros casting (Renaud, Miou-Miou, Gérard Depardieu, Jean Carmet), célébré aux César (dix nominations et deux prix), Germinal était pourtant un pari risqué, avec le plus gros budget de l’histoire du cinéma français à l’époque. Depardieu surnommait même le cinéaste “papy milliards” sur le plateau.
Renaud et Judith Henry
Passionné par ce projet intimement lié à son enfance, Claude Berri porte l’adaptation durant des années, veut absolument tourner sur un vrai site minier, se bat pour convaincre Renaud d’accepter le rôle d’Etienne Lantier. Après 143 jours de tournage, il finira par lourdement couper le film (près d’une heure), ce qui laissera un goût amer au chanteur.
En interview avec Télérama, Renaud décrira Berri comme “Germinator”, et ne se privera pas d’évoquer une production grotesque, aux dépenses absurdes autour du film : “Je ne suis pas une balance. En plus, je ne suis pas habitué aux us et coutumes du cinéma. Mais disons qu’il y a eu des dépenses somptuaires autour du tournage de Germinal qui m’ont plutôt outré…”
Dans tous les cas, Germinal a marqué les mémoires, et rencontré son public.
Depardieu en Toussaint Maheu
Le pitch : Une journée dans un Paris moderne, où monsieur Hulot a un rendez-vous important.
Le budget : 2 millions de francs en 1967, qui se sont transformés en 15 millions au fil du tournage (soit l’équivalent de 20 millions d’euros).
Le box-office : Échec avec moins de 200 000 entrées. C’est d’autant plus terrible que contrairement à Mon oncle, Playtime ne trouve pas de distributeur aux États-Unis, ce qui condamne sa carrière internationale. La société de Tati, Specta Films, fait faillite suite à ce bide.
Pourquoi c’était fou : Parce que Jacques Tati a vu les choses en grand, et a fait construire une petite ville surnommée Taiville, sur un terrain vague près des studios de Jointville-le-Pont, dans un chantier absolument dingue. A l’époque, le réalisateur est une superstar : Mon oncle a été un énorme succès, il a remporté l’Oscar du meilleur film étranger et un prix à Cannes. C’est le moment ou jamais pour se lancer un projet aussi fou et radical.
Un film incroyablement pertinent sur le monde moderne
Le tournage durera 3 ans, d’octobre 1964 à octobre 1967, si bien que le budget a explosé. Tati hypothèque même sa maison, et revoit ses ambitions à la baisse en cours de route (notamment une fin folle, interactive, qui voyait les personnages projetés dans les salles de cinéma, pour “sortir” le film de l’écran). Playtime a par ailleurs été tourné en 70 mm, chose rare en France, que Tati a souhaité afin de pouvoir filmer les dimensions gigantesques d’un tel décor urbain.
Initialement, Playtime aurait pu durer trois heures, mais Tati a vite coupé. La première version sortie en salles durait 2h33, mais le réalisateur de Mon oncle a lui-même repris le montage, jusqu’à arriver à 2h15. Mais c’est dans tous les cas un énorme échec en 1967. En 1978, le film ressort et Tati doit encore couper, pour arriver sous la barre des deux heures. Depuis, un important travail de restauration a été fait pour retrouver ces minutes manquantes (surtout des plans supprimés ou raccourcis), et arriver à 2h04.
Violemment rejeté par une partie de la critique à sa sortie, boudé par le public, Playtime a depuis gagné une renommée énorme.
Le cinéaste voulait transformer ce décor en école de cinéma, ou studio, mais n’a jamais réussi, malgré ses demandes auprès du ministre de la Culture André Malraux. Tativille a totalement disparu en 1975 sous - comble de l’ironie vu le sujet - une autoroute.
Des années avant le générique de Weeds
Le pitch : En 1672, deux pirates naufragés au milieu de l’Atlantique sont récupérés par un galion espagnol. Lorsqu’ils découvrent que le navire ramène un trône inca en or, ils décident d’élaborer un plan pour s’en emparer.
Le budget : 40 millions de dollars (c’est une coproduction franco-américaine, mais qui a pu exister grâce à la France d’abord).
Le box-office : 1,9 million d’entrées en France, moins de 7 millions de dollars récoltés dans le monde. C’est un échec cuisant.
Pourquoi c’était fou : Enivré par le succès de Chinatown, Roman Polanski songe à réaliser un film de pirate, inspiré par Disney et destiné aux enfants. Un Pirates des Caraïbes avant l’heure en somme, qu’il récupère quand Arnon Milchan, lequel a abandonné l’idée à cause des coûts. Il veut d’abord réunir Jack Nicholson, Isabelle Adjani et lui-même devant la caméra, mais la production est repoussée (notamment car Nicholson est trop cher). Polanski tourne Le Locataire, et lorsque la justice le poursuit en 1977 pour viol sur mineure, il se réfugie en France, où il tourne Tess.
Au loin, la réussite (trop loin)
Abandonné par divers studios et producteurs, notamment aux États-Unis suite au scandale, le projet est relancé en France, avec Tarak Ben Ammar. Après avoir accepté de financer la majeure partie du budget, Universal se retire, et laisse la production dans une sale situation. Le budget grimpe très vite (annoncé à 15, il atteint les 40 millions de dollars), et le tournage très compliqué n’arrange pas l’affaire. Rien que la construction en entier du navire Neptune, que Polanski veut absolument avoir en “vrai” et non en morceaux, est colossale.
Le film est présenté en grande pompe à Cannes en 1996 (hors compétition), avec un navire pirate dans le port local pour ouvrir les festivités. Mais la joie laisse place à l’embarras : le Neptune restera dans le port pendant des années, délaissé suite au bide de Pirates.
Walter Matthau avouera lui-même que le scénario de Pirates était mauvais
Le pitch : En 1765, deux hommes enquêtent sur la bête du Gévaudan, qui terrorise la population.
Le budget : 200 millions de francs ou 32 millions d’euros.
Le box-office : 5,1 millions d’entrées en France. Avec un très beau succès à l’international (notamment aux États-Unis), le film a été un succès.
Pourquoi c’était fou : Parce que le grand film d’aventure romanesque ne court pas les salles de cinéma. D’autant que Christophe Gans n’a réalisé que Crying Freeman, et que l’idée est née au sein de Canal+ Ecriture, une branche destinée à soutenir de jeunes scénaristes (ici, Stéphane Cabel).
Ça tabasse dans le Gévaudan
La production du Pacte des loups reste un cas très particulier, où la nouvelle garde (Christophe Gans réunit Vincent Cassel, Samuel Le Bihan, Monica Bellucci, Émilie Dequenne) serre la main à des visages emblématiques (Jean Yanne, Jean-François Stévenin) ; où la société Eskwad, née de Canal+ Ecriture, collabore pour les effets spéciaux avec Jim Henson’s Creature Shop, la compagnie créée pour les besoins de Dark Crystal. Et où le décor historique est traversé par des éclairs anachroniques, avec des arts martiaux et du bullet time. Avec un Christophe Gans qui refuse de tourner en anglais pour véritablement faire de ce film un OVNI.
Le tournage prévu sur 15 semaines s’étale finalement sur 23, dans des décors extérieurs soumis à la météo capricieuse. Le budget est donc inévitablement dépassé. Gans dira à L’Express que la seule contrainte était de rendre un film de 2h22 (il a donc dû mettre de côté 12 minutes), pour avoir quatre séances par jour, et que lorsqu’il a songé à couper le scénario face au tournage ralenti, ses producteurs l’en ont empêché. Une production magique donc, qui a miraculeusement rencontré son public pour marquer bien des esprits.
Le pitch : Un amour fou et invincible naît entre Alex, cracheur de feu, et la mystérieuse Michèle, tous deux vagabonds. Ils s’aiment depuis le Pont-Neuf, coupé du reste de Paris pour cause de travaux.
Le budget : Chiffré initialement à 32 millions de francs, le film, qui éreintera cinq producteurs consécutifs, en coûtera finalement 100. Ce qui, après le passage de l’inflation revient grosso modo à un peu plus de 26 millions d’euros actuels.
Le box-office : 870 000 entrées. Pas un four donc, mais une véritable déception considérés la dimension pharaonique du projet et son énorme impact médiatique.
Un décor fou reconstruit vers Montpellier
Pourquoi c’était fou : Après Boy Meets Girl puis Mauvais sang, Leos Carax est déjà un auteur qui passionne, perçu comme un grand en devenir. Pour Les Amants du Pont-Neuf, il obtient un budget confortable, et la possibilité de tourner dans Paris, sur le véritable Pont-Neuf et dans la Samaritaine. Mais son comédien Denis Lavant se blesse, paralysant le tournage plusieurs semaines, tandis que la préfecture de Paris refuse de décaler les dates de blocage du pont.
Engagée sur le projet et auprès du cinéaste, avec lequel elle est en couple à l’époque, Juliette Binoche se retrouve obligée de refuser un film d’Elia Kazan à cause de ce tournage qui s’éternise.
Le décor principal sera donc reconstitué au cœur du marais camarguais. Entreprise délirante, dantesque, elle s’étalera sur trois ans. Le résultat agace, questionne et sidère. Llorsque le film sort finalement en 1991, il fera de son réalisateur un artiste maudit, l’emblème d’un système devenu fou. Une image qui lui collera à la peau et l’abimera durablement, malgré la puissance quasi-inégalée de son oeuvre au sein du paysage cinématographique français. Il mettra huit ans à revenir, avec Pola X.
Juliette Binoche sera nommée aux César
Le pitch : Légendaire brigand, enquêteur visionnaire, Vidocq est mort, dans des conditions mystérieuses. Son biographe décide d’enquêter.
Le budget : 152 millions de francs en 2001 soit à peu près 30 millions d’euros actuels.
Le box-office : 1 806 935 entrées et presque autant de prescriptions.
Pourquoi c’était fou : Malgré une histoire et une culture populaire foisonnante, le cinéma français de la seconde moitié du XXe siècle a progressivement abandonné toute ambition narrative digne de ce nom, laissant un héritage des plus riches en jachère. Ainsi, quand un spécialiste des effets spéciaux décide de s’emparer de la figure du Vidocq, l’amateur de grande aventure est sur le point de défaillir.
Chercher où est passé l’argent
Mais Vidocq n’est pas qu’un bonheur thématique, c’est aussi un véritable défi technique, puisque le film jouit du trophée du premier long-métrage réalisé en numérique (il coiffa au poteau Star Wars : Episode II - L’Attaque des clones, même si techniquement, c’est La Vierge des tueurs qui est le véritable tenant du titre).
Et si tout le monde n’a pas su tout de suite quoi faire de ces nouvelles technologies, force est de constater que Pitof a lancé toutes ses forces dans la bataille et expérimenté dans tous les sens. Comme on l’écrivait récemment, le résultat est bien loin d’être parfait, mais témoigne d’une folie ainsi que d’un désir de cinéma enivrants.
Producteurs le jour de la sortie
Le pitch : En 2095, dans un New York habité par des humains, des aliens et des mutants, l’histoire d’amour et de mort entre une femme, un homme et Horus, dieu égyptien jugé par les siens. L’adaptation d’une partie de la trilogie Nikopol d’Enki Bilal, par Bilal lui-même.
Le budget : 54 840 000 de francs, soit 22 millions d’euros.
Le box-office : Environ 997 393 spectateurs en France. Passé inaperçu dans le monde. Un bide.
Pourquoi c’était fou : Immortel (ad vitam) n’est pas le premier film d’Enki Bilal, qui a réalisé Bunker Palace Hôtel en 1989 et Tykho Moon en 1996. Mais c’est un pari incroyable que d’adapter les deux premiers opus de la trilogie Nikopol avec un tel budget et des ambitions technologiques alors folles (motion capture chez Quantic Dream, majorité du film en images de synthèse chez Duran Animation Studio).
Le film s’inscrit à l’époque dans un saut général et une soif de modernité, avec Capitaine Sky et le monde de demain, Casshern ou encore Sin City qui explorent la même ambition d’un film entièrement créé autour des acteurs, quasiment les seuls repères réels lors du tournage. Des films arrivés probablement trop tôt et qui ont plus que déconcerté le public.
L’ambition qui confine à la folie
Difficile d’imaginer que cette histoire certes passionnante, mais un brin obscure de dieux égyptiens dans une pyramide volante, de mutante aux cheveux bleus et de trio mystico-amoureux, dans un New York dystopique, ait pu être perçue comme un potentiel succès public. L’univers de Bilal est d’une richesse folle, mais particulièrement étrange et opaque pour les néophytes, en plus d’avoir été simplifié pour devenir un film.
La présence de Linda Hardy, Thomas Kretschmann et Charlotte Rampling au milieu d’Horus donne clairement au film des allures d’OVNI absolu, et force est de reconnaître que Téléma Productions et TF1 FIlms Production, ainsi que le producteur Charles Gassot, ont fait preuve d’une audace absolument grandiose. À l’arrivée, le film a été un échec au box-office, et n’a convaincu à peu près personne. Et le revoir 15 ans après n’est pas sans douleur, vu comme la technologie a grandement évolué depuis.
Notre dossier complet sur ce film fou : par ici.
Attendre que ça passe
Le pitch : Paris, 2054. Un policier enquête sur la disparition d’une jeune scientifique, et découvre qu’elle est au cœur d’une guerre occulte qui menace le futur de l’être humain tel qu’on le connaît.
Le budget : 14 millions d’euros.
Le box-office : 241 217 entrées en France. Score très mauvais dans le monde. Échec cuisant.
Pourquoi c’était fou : Là encore, il y a un pari technologique, puisque le film (qui a mis des années à se concrétiser et se faire) utilise la motion capture, avec des acteurs pour donner vie aux héros animés à l’écran. L’ambition est d’avoir un film d’animation plus réaliste, avec des personnages plus vivants, et véritablement stylisé avec son noir et blanc hyper-contrasté.
Coproduction européenne entre la France, le Luxembourg et le Royaume-Uni, Renaissance est le premier film de Christian Volckman. Il sera remarqué en festival, sera distribué aux États-Unis, passera à deux doigts d’une sélection aux Oscars. Mais l’échec est cinglant : le résultat est jugé trop classique en termes d’univers et scénario surtout, et l’ambition artistique ne convainc pas grand monde. À commencer par le public, pas du tout attiré par ce film noir animé.
Noir c’est noir
Le pitch : Régis Deloux est un professeur de mathématiques. Un jour, lorsqu’il ouvre un livre, il se pique avec une broche coincée à l’intérieur du bouquin. À partir de ce moment, il gagne le pouvoir de voyager à travers les films. Il va y rencontrer la femme de ses rêves, Viviane, et devoir la sauver des mains de l’horrible Douglas Craps.
Le budget : Entre 19 et 22 millions d’euros en 2009, soit entre 21 et 25 millions d’euros aujourd’hui.
Le box-office : 304 555 entrées soit 2 485 191 de dollars (environ 1,75 million d’euros en 2009). La rentabilité est de 13%, énorme échec.
Pourquoi c’était fou : Sur le papier, l’idée de Yann Moix était plutôt alléchante et ambitieuse. Transporter des personnages d’univers en univers, passant des décors d’époque de Barry Lyndon à ceux sauvages de Tarzan, parcourir le western dans le Mexique de Pour une poignée de dollars en passant par le muet de L’aurore, la comédie potache à la Camping ou le péplum avec Cléopâtre : Cinéman se voyait grand.
Des décors aux costumes en passant par les multiples lieux de tournages, Yann Moix avait de l’audace, et c’était assez fou de se dire qu’un projet français allait prendre autant de risques.
La gloire était là, en théorie
Malheureusement, le film a subi une production compliquée détaillée par Yann Moix lors d’une interview à Technikart en 2013. Ainsi, il explique le calvaire vécu pour la préparation de son film.
Alors qu’il veut Benoît Poelvoorde pour le premier rôle, l’acteur belge est pris par d’autres tournages pendant 1 an et demi puis avoue finalement ne pas vouloir jouer dans un film “ni fait, ni à faire”. Yann Moix, obsédé à l’idée de l’avoir, oublie Albert Dupontel pour le rôle du méchant. Lorsque l’acteur français découvre le scénario, il ne comprend pas son rôle et quitte le projet du jour au lendemain.
Après avoir envisagé Jean Dujardin, indisponible, il finit par caster Franck Dubosc. Sauf que personne ne veut jouer avec l’acteur. Le réalisateur le cache alors à tout le monde dont François Cluzet, nouveau méchant, qui finit par l’apprendre et quitter le projet à son tour. Au final, c’est Pierre-François Martin-Laval qui prend le rôle. Un choix que même Yann Moix sait mauvais (tout comme il le pense pour Dubosc qu’il ne sait pas comment diriger) et qui va faire des étincelles.
Le bide, la surprise
Sur le plateau, Pef et Dubosc se haïssent et ne s’adressent pas la parole. Les techniciens belges qui pensaient que Poelvoorde allait jouer apprennent finalement qu’il a été remplacé et refusent de tourner. Ce n’est que le début d’un enchaînement de galères : bastons entre des techniciens, costumes ratés, temps désastreux, tempête de sable à Almeria en Espagne, Lucy Gordon qui manque de se noyer sur une pirogue, Dubosc qui se blesse et a le droit à 25 points de suture. Pire, le chef op' fait un infarctus… et s’il reste heureusement en vie il faut en prendre un nouveau.
Des problèmes qui amènent Yann Moix à couper des scènes, contraint par le producteur qui refuse de rallonger le budget après quatre mois de tournage. Sur les bancs du montage, c’est pire. Après 18 mois de postproduction où le cinéaste modifie le scénario, le sens des séquences… il montre le résultat à Jérôme Seydoux, le boss de Pathé. La réaction est sans équivoque : “Votre monteur faut le noyer. Ou vous.”
Dans un dernier élan d’espoir, le cinéaste décide de remonter encore, changer l’histoire, refaire les dialogues (ce qui donnera une post-synchronisation déplorable). Résultat : tout le monde trouve le film lamentable. En plus de critiques désastreuses, le film ne marche pas en salles (selon Yann Moix il aurait fallu 2,5 millions d’entrées pour le rembourser) et le réalisateur de Podium tombe en dépression.
Depuis, exception faite d’un film documentaire pour Arte, Yann Moix s’est avant tout consacré à la littérature. Finalement, l’échec de Cinéman sera un mal pour un bien puisqu’il recevra le prix Renaudot en 2013 pour son Naissance, une renaissance pour ce touche-à-tout.
A tous les curieux : le film est dispo sur Netflix
Le pitch : Lors d’une descente de police à Tokyo, Oscar est touché par une balle perdue. Alors qu’il agonise, son esprit revisite ses souvenirs, entre mélancolie, serment fait à une sœur et fantasmes.
Le budget : 13 millions d’euros de 2009, soit environ 15 millions d’euros actuels.
Le box-office : Difficile de trouver des sources fiables et concordantes en la matière. Plusieurs sources anglo-saxonnes font état de recettes internationales oscillant entre 1 467 278 dollars et 1,6 million. Des résultats bien en deçà du budget initial.
Pourquoi c’était fou : Bien avant la mode des films en vision subjective, Gaspar Noé se propose de réaliser un trip élégiaque sur la mort (ou un trip mortel sur la vie), en vision subjective, au gré des à-coups d’un cerveau mourant et des produits stupéfiants rythmant ses ultimes synapses.
Technologiquement, l’ambition de Noé est sans limites, soutenue par la gourmandise du studio d’effets spéciaux Buff qui va concevoir pour lui des plans d’une complexité affolante, et des images jamais vues, jamais reproduites depuis.
Long de 2h40 et vendu comme une mauvaise descente d’acides, Enter the Void effraiera le public, qui passera à côté de ses expérimentations démentes.
L’Empire des sens
Le pitch : Toorop est un mercenaire. Solitaire et philosophe, il accepte de convoyer une mystérieuse jeune femme du cœur de la Russie jusqu’à New York, alors que le monde est sur le point de sombrer dans le chaos.
Le budget : 70 millions de dollars en 2007, soit environ 84 millions de 2019.
Le box-office : Avec seulement 72 millions de dollars au box-office, Babylon A.D. est un bon gros échec, dont personne n’espérait plus qu’il fonctionne, et ce bien avant sa sortie, comme en témoigne son exploitation, plus que timide, au cœur de l’été.
Pourquoi c’était fou : Adapter Babylon Babies de Danec était en soi un projet fou, le roman s’avérant d’une vivacité et d’une complexité remarquables, jonglant entre le cyberpunk, la politique fiction et un héritage Dickien des plus denses. Le confier à Mathieu Kassovitz, wonder boy du cinéma français perçu comme un auteur en puissance et un punk en devenir, relevait sur le papier du bon sens.
Tout cela, c’était avant un tournage catastrophique, qui verra une véritable tornade d’incompétence aboutir à une valse de leadership tragique. Une épopée malheureuse narrée dans le documentaire Fucking Kassovitz, véritable hallucination collective, disponible sur les Internets. Ou comment un projet de blockbuster adulte, situé dans un univers dystopique fascinant, se transforma en zèderie polluée par Vin Diesel, indigne d’un DTV génétiquement modifié.
Légère tension
Le pitch : Valerian et Laureline sont des agents spatio-temporels, qui affrontent une mystérieuse menace qui plane sur l’univers de 2740.
Le budget : Près de 200 millions d’euros.
Le box-office : Environ 4 millions de spectateurs en France, et près de 226 millions de dollars de recettes au box-office mondial. C’est très loin d’être suffisant vu les enjeux.
Pourquoi c’était fou : Quand l’adaptation de la BD de Pierre Christin et Jean-Claude Mézières est annoncée en 2015, c’est avec l’ambition d’offrir un Star Wars français capable de s’étirer sur dix films, selon Christophe Lambert alors directeur général d’EuropaCorp (il a depuis démissionné). Quand le film sort à l’été 2017, c’est pour devenir un échec spectaculaire à bien des niveaux, aux répercussions encore présentes pour le business de la société de Besson.
Insérer un commentaire malin (pas d’idée là)
Réalisateur du Grand Bleu, Le Cinquième Elément ou encore Jeanne d’Arc, Luc Besson n’en était pas à son premier gros pari, et a priori, Valerian et la Cité des mille planètes était bien parti. Avec un casting entre nouvelles têtes et valeurs sûres (Dane DeHaan, Cara Delevingne, Clive Owen), c’est une superproduction tournée en anglais, en France, avec la société néo-zélandaise Weta (créée par Peter Jackson) aux effets spéciaux. C’est le plus gros budget de l’histoire du cinéma français, et c’est présenté comme un événement susceptible de changer le business en hexagone.
Mais le public en a décidé autrement. En plus d’être étrillé par la critique (aux USA comme en France), Valerian et la Cité des mille planètes se vautre violemment aux États-Unis, et ne décolle pas en Chine, son dernier espoir. La totale catastrophe est évitée au box-office mondial, mais EuropaCorp en souffre immédiatement avec un bilan fiscal dans le rouge, un changement de direction, et une stratégie revue (pour favoriser des films moins chers). Si Besson déclarait qu’une suite n’était pas impossible, tout laisse croire que Valerian et Laureline ne reviendront jamais.